Espagne: les lames sanglantes du "monde libre"

Espagne: les lames sanglantes du "monde libre"

En Espagne, les lames de rasoir ne servent pas qu'à débroussailler le visage. Elles peuvent aussi le taillader, le lacérer, le balafrer, si le visage est "subsaharien" et "immigré illégal". Il faut saigner les affamés , tous ceux qui tentent d'escalader, par plaisir, à Melilla, les trois barrières grillagées de six mètres de haut, couronnées (nous sommes en monarchie) par des barbelés "anti-migrants". Les lames à raser, mêlées au grillage, sont désormais la nouvelle arme anti-immigration du consensus européen néosociolibéral.
Melilla est une petite enclave "espagnole" au nord du Maroc, et sa frontière le dernier rempart de la liberté, du bonheur, de l'abondance : l'Union Européenne. Le gouvernement néo-franquiste espagnol a décidé de réutiliser une arme lacérante déjà installée par le gouvernement socialiste de Zapatero, de 2005 à 2007: des lames tranchantes (au joli nom: "concertinas").
Ainsi, chaque candidat à l'éden européen devra donner des gages physiques, payer le prix du sang, en se blessant profondément les mains, la poitrine, les jambes... Et tant pis pour ceux qui resteront pendus au grillage et qui se videront de leur sang. "L'Europe" de la troïka se mérite. Le ministre espagnol de l'Intérieur a qualifié ces lames de "dissuasives", étant donné qu'elles ne provoquent que des blessures "superficielles". Qu'il en soit remercié pour les avoir préféré aux baïonnettes.

Jean Ortiz