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08/12/2013

L'excellence universitaire

 

L'Espagne est la meilleure élève des processus de Lisbonne et de Bologne. Elle excelle en matière de "mobilité" étudiante et enseignante!!  Des milliers de jeunes diplômés sont contraints de quitter leur pays, où le taux de chômage chez les jeunes atteint désormais 37%. Fuite de cerveaux, hémorragie de toute une génération, déracinement, exil... Le phénomène gagne même les chercheurs, les scientifiques... La vente des valises a explosé! Les voyages forment jeunesse et âge mûr... En six ans, selon "l'Observatoire du système universitaire", le coût des formations en fac a augmenté en moyenne de 291%. Hallucinant!

Les "recortes" (coupes austéritaires) ont, en 2012, détruit 5976 emplois universitaires en Espagne, selon des données officielles du ministère des Finances et des Administrations publiques (août 2013). Depuis janvier 2012, 4221 postes d'enseignants-chercheurs ont été rayés de la carte, ainsi que 1655 postes de personnels de l'administration et des services. Les sabreurs taillent à la tronçonneuse dans la santé, l'éducation, les budgets sociaux, les dépenses publiques...


Merci la crise!! Elle a bon dos! Elle est prétexte au remodelage "libéral" de tout le supérieur. Et en plus, elle rapporte gros aux déjà gros, la crise. Les autres, la majorité, payent la note.
De nombreux "professeurs associés" ont vu leur salaire amputé et beaucoup d'universités ne peuvent même plus leur payer toutes leurs heures.
Les frais d'inscription en première année ont augmenté de 66,7% en 2012, et le nombre des  bourses a fondu comme glace cantabrique au soleil. 30.000 étudiants sont menacés "d'expulsion" pour ne pas avoir pu payer la totalité des droits d'inscription; 100.000  se retrouvent dans une situation d'extrême précarité. L'université espagnole chasse efficacement les pauvres et devient de plus en plus "élitiste", sur des bases de classe.

 

Encore une fois, le PSOE et le néo-franquiste parti populaire, auront bien mérité de Lisbonne et de Bologne, de l'Union européenne, de la "troïka"... La destruction de l'université-service public, déjà bien entamée, s'est accélérée, de la Catalogne à l'Andalousie, en passant par Madrid, Saragosse, Burgos... "Regardez travailler les bâtisseurs de ruines" (je crois que c'est d'Eluard, dans les années 1930).
Que vaut cette Europe qui mutile le savoir, paupérise l'enseignement, marchandise à tour de bras, démolit les services publics, aggrave les inégalités, et ne roule que pour le fric?
Des clous! Seule une rupture avec ces logiques prédatrices peut permettre de renverser l'omelette.

Jean Ortiz

07/12/2013

Souvenir, souvenirs

Je me souviens, dans les années 1980, pour Mme Tatcher et même pour le
gouvernement Rocard, Mandela était un "terroriste", un "communiste"; il
était "à l'est"... le régime de l'apartheid servait à l'oligarchie
blanche et à ses amis et protecteurs capitalistes "occidentaux" à
amasser les profits, à s'accaparer les richesses du pays, à "esclaviser"
les Noirs, à réprimer à tour de bras, sans que cela n'émeuve Londres,
Paris, Washington, en réalité complices...
Mandela et son terrible sort, le bagne, n'étaient connus que des
militants, et "le monde libre" s'accommodait plutôt bien de l'apartheid
au nom, entre autres, de "l'anti-communisme"...Dans les rues, seuls
quelques syndicalistes, quelques chrétiens, les communistes, des petits
comités anti-apartheid, les groupes "d'extrême gauche",etc. exigeaient
sa libération et la fin de l'apartheid, clamaient leur solidarité avec
l'ANC.
François Mitterrand était alors aux abonnés quasi absents...les affaires
sont les affaires.

C'était l'époque où la représentante de l'ANC était assassinée... à Paris...
Plus tard, nous avons assisté (ne boudons pas notre plaisir, mais sans
angélisme), à la "mandélomania", voire à la peopolisation du héros. La
"santification" prétendait le vider de son contenu politique, de sa
signification...L'histoire n'aura pas la mémoire courte.

Honneur à ce grand combattant, à ce militant exceptionnel, à son juste
combat.

Jean Ortiz

Les mamies font la révolution

Les mamies font la révolution

 

 Il existe à Tarbes et sur "le plateau" une curiosité: un groupe de mamies qui se rejouent jour-et surtout nuit- la rêvolution cubaine. Elles se pâment- du souvenir des orgasmes de jadis- en se rap-pelant l'entrée triomphale des guérilleros à La Havane. Elles les revoient couverts de fleurs, de colliers, et surtout si désirables, si sensuels...Ah la "fête cubaine"! Et elles n'en démordent pas. Elles se jouent, en boucle, les sixties, l'abbé des Cochons, la Fidelitude...Et le Che, le Che, leche! .Dieu (ou Notre dame du parti), Dieu qu'il était beau celui-là...Et elles continuent d'y croire, ces pasionarias encore rugissantes, à l'internationalisme. Une fidélité à en ébouriffer la plus célèbre des barbes.


Elles insistent: "viens nous parler de Cuba". Et j'accepte, par compassion communiste, comme on va chaque année honorer de chrysanthèmes les êtres chers, d'autant plus chers qu'ils ont disparu...
J'accepte par devoir militant, par tendresse aussi, avec la reconnaissance que l'on doit à des icônes du militantisme communiste d'hier et de demain. Je m'attendais à bien manger (résultat: du pâté industriel) et à prêcher devant un cercle étroit d'initiés aux cheveux blanchis par le temps. Que nenni: la salle était pleine. Au lieu de vivre la dolce Vita après des décennies de luttes, les mamies ont gagné leur pari: relancer la solidarité avec la petite île re- belle, étudier les changements en cours, secouer "les amis de Cuba", de la dignité, et du "mojito" de Jeanine...

Le secrétaire fédéral du PCF prend des notes qu'il transmettra dans la nuit à P.L et à G.P.. Une famille, qui se dit "de la case", essaie de suborner le conférencier avec une misérable bouteille de piquette achetée en Andorre...Même ici, encore et toujours la corruption, pour la bonne cause cette fois...Pierrot "le haricot tarbais" a vu de la lumière, a eu du mal à trouver la porte, mais  est entré.

La prochaine mairesse de Tarbes a fait parvenir des capotes "front de gauche"...La réputation éros-révolutionnaire des Cubains (et Baines) donne lieu souvent à des exotismes surprenants. En attendant, la future  mairesse mène campagne tambour érectant, entourée d'une équipe à gagner le prochain Mundial. Lors de la récente venue de Marie George et de Mélenchon à Tarbes, le collectif m'a impressionné par la qualité, la précision et la radicalité de son programme, fruit du match d'une vraie équipe, portée par une dynamique populaire; elle fait revivre cette mémoire rouge tarbaise si nécessaire pour aujourd'hui. Les prolos des grandes "boîtes" de l'époque, leurs grèves, leurs épopées ouvrières, les passeurs, les résistants, les guérilleros, le communisme municipal, Popaul, Raymond...Presentes!
Après avoir présenté une collection d'affiches cubaines "cultes", le conférencier essaya tant mal que bien de disséquer le "tournant politique" cubain, les changements structurels en cours, l'introduction de "mécanismes de marché" dans une économie globalement planifiée et dans un pays où l'égalitarisme a la peau dure,  où l'on accepte mal les inégalités, la "double monnaie", etc.
Le "double Mètre de conférences" insista pour CONTEXTUALISER la révolution cubaine, fruit d'une histoire nationale, aux racines endogènes, issue du "nationalisme", de l'aspiration à l'indépendance et à la souveraineté d'un pays dominé , humilié, jusqu'au premier janvier 1959.

La révolution cubaine est "un processus unique" et très spécifique; ce n'est par exemple pas la classe ouvrière ni le parti qui "ont fait" la révolution...C'est en réalité la révolution qui a créé le parti, naît de la fusion, longue et conflictuelle, de trois courants révolutionnaires.  Le Mouvement du 26 Juillet était majoritairement anti-communiste et joua un rôle important "en plaine", dans les villes.

. Dans la Sierra était le fer de lance, le moteur, le fédérateur: la petite Armée Rebelle et Fidel, Raul, Camilo, Che.... On oublie trop souvent, en répétant des "clichés", que la révolution cubaine a connu des luttes de masse insurrectionnelles d'une exceptionnelle ampleur. Sans elles, un  groupe de quelques dizaines de guérilleros n'aurait pu rassembler tout un peuple et abattre la dictature batistienne, portée par Washington.

Le conférencier rappela que Cuba n'est pas "une réalité virtuelle", que les révolutions se font dans des conditions intérieures et extérieures qui conditionnent leur façon de poser les problèmes, et que sans les agressions immédiates et permanentes des Etats-Unis, "Cuba aurait sans doute suivi un autre cours". "La révolution cubaine n'est pas ce qu'elle aurait voulu être". A deux reprises, elle a dû repartir de zéro. Fidel s'est retiré, et "l'effondrement" annoncé n'a pas eu lieu. C'est dire que le système ne reposait pas que sur le charisme et le leadership du "comandante".

L'économie cubaine fait coexister aujourd'hui un trop vaste secteur public, en voie de "dégraissement", de restructuration, et un secteur privé en développement, des mécanismes mixtes, ou coopératifs, voire de marché...Cette combinaison de formes économiques conflictuelles doit être régulée par la puissance publique, si l'on veut éviter les "dérapages"..."Nous, communistes, devons définitivement rompre l'identification erronée "socialisme= étatisation". Longtemps la révolution a "fusionné" l'Etat, l'administration, l'économie et le parti, avec les résultats que l'on connaît: bureaucratisation, démotivation, essoufflement, dogmatisme, stagnation, absence de réels contre-pouvoirs, corruption...Il faut donc "socialiser", socialiser le pouvoir, le secteur d'Etat, l'économie, redynamiser les mécanismes de "pouvoir populaire", de gestion et contrôle ouvriers, le rôle des syndicats, aller vers "un socialisme plus soutenable, inclusif, dialectique et participatif", selon les mots de Mariela Castro, fille de Raul.

Ce chantier, vital, dans lequel se jouent la survie et le renouvellement du "socialisme à la cubaine", s'est ouvert dans l'urgence...La relève générationnelle, tardive, est enfin en cours...

Et surtout, surtout, n'oublions jamais qu'avoir résisté plus de cinquante ans à l'impérialisme américain relève d'un incontestable panache politique et historique

Cuba reste un référent de résistance, d'alternative et d'espoir. Alors: CUBA SI !!

Jean Ortiz