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23/01/2015

Une pensée triste

http://dai.ly/xhdsod

 

Ce soir, j'ai une pensée triste pour Mikis Theodorakis, mon adolescence, ma jeunesse, l'antifascisme, la "Grèce des colonels"...

N'oublions pas Mikis, et n'oublions pas demain Izquierda Unida.

Vivent "Syriza" et "Podemos", mais n'oublions pas qui a versé le sang .

Ne passons pas par pertes et profits Mikis, la Pasionaria, Durruti, Rafael Alberti, Grimau, Puich Antich, les 37 années de résistance de Izquierda Unida, les Guerrilleros ...

Rassemblement! Unité! Pour gagner ensemble et construire ensemble!

 

Jean Ortiz

Le PACHAKUTI et la révolution en marche

Le PACHAKUTI et la révolution en marche

 

 

Dans la tradition indienne andine, le Pachakuti c’est l’arrivée, l’accomplissement, de temps nouveaux, d’un « changement de la terre », d’une nouvelle ère prophétisée pour voir le jour 500 ans après « la conquête » espagnole (l’ethnocide), DONC AUJOURD’HUI. Ce retour à l’équilibre, à l’égalité originelle, se traduira par la libération de peuples hier opprimés, par la victoire de la longue lutte anticoloniale (inachevée) des Indiens, les Quechuas, les Aymaras , et tous les Autres. Que la prophétie des « amautas » (les sages) est belle, symboliquement et concrètement émancipatrice !

 

L’heure du retournement est donc arrivée. Bienvenue. Bien venue. Après une longue nuit de négation et de résistance, la Bolivie et son peuple vivent enfin le Pachakuti. Et ô combien ils se le sont gagné !

 

Quiconque veut comprendre vraiment la révolution bolivienne doit partir de cette vision du monde, de cette cosmogonie andine, de cette approche poético-politique.
Combien de fois, sur « l’altiplano » (les hauts-plateaux), ai-je été fasciné par ces conceptions « animistes », ces offrandes au cosmos, à la Pachamama (la terre) , première et nourricière, ces prières à l’arbre, aux esprits du lac Titicaca, aux dieux et divinités de la cordillère, à Inti (le soleil), fasciné par ce réenchantement du monde, par cette vision de l’être humain comme partie intégrante de la nature, comme inséparable de la terre... Tout cela irrigue, habite, inspire, cette révolution-laboratoire, qui se propose de parvenir au « buen vivir » (la vie bonne ; « les jours heureux ») pour tous : le partage, l’harmonie, les biens publics, la socialisation, la complémentarité, la solidarité, une consommation non consumériste, le non productivisme...

 

Voici enfin venu « le règne du Pachakuti », de l’épanouissement d’une (d’) identité(s), ouverte(s), du bonheur possible sur terre, de l’horizon socialiste. Voilà pourquoi Evo Morales a été « intronisé », en premier (devant les siens), lors d’un rituel ancestral sacré (pour la vie), et pour la troisième fois, comme président politique et « guide spirituel » ; intronisé en premier par les communautés indiennes et leurs « chefs », sur le site millénaire religieux (et des sciences, des arts) précolombien de Tiahuanaco (le 22 janvier 2015) .

 

Les Indiens, hier niés, quasiment animalisés, victimes de racismes violents, de terribles exclusions, de discriminations de toutes sortes (où étaient les « grands médias » ?) ont demandé à la nature «d’investir » leur frère président aymara, et cela un jour avant la cérémonie « officielle » au « Parlement plurinational » de La Paz, elle, en présence de nombreux chefs d’Etat étrangers.

 

L’Aymara Evo Morales, paré des habits traditionnels, a reçu le « bâton de commandement » d’abord des mains de son peuple. Indiens et non Indiens. D’abord du peuple. « El pueblo ». Un engagement sacré à gouverner pour lui, avec lui, et à poursuivre le Pachakuti, « la réaffirmation de la révolution démocratique culturelle » . « El Evo » avait été remarquablement réélu le 12 octobre 2014, avec 61,02% des voix... « El Evo », l’ancien syndicaliste cocalero criminalisé par Washington. « El Evo » l’humilité, la dignité, le courage. Un président-peuple. A Tihuanaco, il a lançé à ses frères: « Ils n’ont pas pu nous faire disparaître. Nous sommes de retour, pour nous gouverner nous-mêmes »

 

Alors : « Jallalla sayt’awi ! » (Vive la révolte ! ) et vive « sami » ! (l’amour).

 

 

 

Jean Ortiz

 

21/01/2015

Podemos (Article à paraître dans l'HD de demain)

OUI « PODEMOS » (« ON PEUT »)

 

 

Le 15 mai 2011, une sorte d’insurrection civique, les « Indignés», fait irruption au cœur de Madrid. Elle provoque un séisme politique  face à la crise qui ébranle le « modèle » (monarchie parlementaire, bipartisme...) mis en place après la mort du dictateur, et « la « transition », ce mythe (faussement) fondateur , élevé au rang de récit consensuel national.

 

Les « Indignés » le rejettent. Le plus important mouvement social qu’ait connu l’Espagne depuis 40 ans a des slogans emblématiques  : « Ils (la classe politique) ne nous représentent pas » et : « Vite, une démocratie véritable ».

 

A l’automne 2011, il se replie, devient plus fractionné, plus politique aussi, essaime en une multitude de plateformes et comités, de « marées » (mouvements sociaux propres d’une catégorie sociale)... qui cherchent à se fédérer

 

 

 

C’est sur ce terreau explosif, en panne d’alternative, que naît « Podemos » , en janvier 2014, à l’initiative d’un groupe (majoritairement d’intellectuels) et d’un leader, hier encore lié à « Izquierda Unida » : le jeune professeur d’université marxiste, à la « coleta » : la queue de cheval, Pablo Iglesias, charismatique et médiatique. Le « second », l’universitaire Juan Carlos Monedero, vient aussi de la mouvance communiste. Tous deux ont été proches de Chavez et des révolutions latino-américaines. En quelques mois, « Podemos » effectue une percée fulgurante, bouleverse tout le champ politique par son rejet radical de la « caste » politique corrompue et ses nouvelles pratiques : horizontalité, primaires, débats ouverts, cercles de base, jeunesse des militants...

 

« Podemos » raisonne en termes de « caste », et en appelle au « peuple », « au-delà du  clivage droite/gauche ».

 

Aux élections européennes il obtient 8% des suffrages, et les sondages le placent aujourd’hui au niveau, voire au-dessus, du PP et du PSOE, à plus de 25%. Au départ, « Podemos » rogne électoralement sur les abstentionnistes et les électeurs socialistes. Aujourd’hui, il fait reculer « Izquierda «Unida », qu’il assimile implicitement à la « caste ». Deux dirigeants de IU sont en effet impliqués dans le scandale bancaire « Bankia-Caja Madrid ».

 

Pour Julio Anguita, son ex-coordinateur communiste, « Izquierda Unida » doit d’urgence « franchir le Rubicon », ne plus attendre pour « adapter ses structures, son fonctionnement, sa ligne politique, son langage et ses alliances », à « deux conditions incontournables : le retour à son projet originel et son implication dans la réalité du moment ». Pour le politologue (IU), Manuel Monereo, elle « n’a pas su comprendre les changements » en Espagne et « agir en temps réel ». « Podemos est le déficit de IU » (« Público », Madrid, 19.11.2014). Bref, IU n’aurait pas fait ce qu’il fallait quand cela était nécessaire.

 

Le coordinateur fédéral Cayo Lara, dans « Mundo Obrero » de décembre 2014 , déclare : « le pouvoir tente de détruire IU et le PCE » par une « OPA hostile », « au moment où nos propositions, entre autre, l’exigence d’un processus constituant , sont largement partagées» et reprises, notamment par « Podemos ». IU souhaite la signature d’un « pacte politique unitaire » de rupture avec le système. « Podemos » a refusé, considérant que cela risquerait de brouiller son image et le desservirait aux élections de 2015. Le mouvement vient de se transformer en parti politique et croit en sa victoire, probable. Y parviendra-t-il seul ?

 

 

 

Jean Ortiz