Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/04/2011

Un roi faiseur de marquis

Lettre ouverte à don Juan Carlos I de Bourbon,
faiseur de Marquis



Cher monsieur,

La seule légitimité que vous ayez est d’avoir été désigné héritier et roi par un dictateur impitoyable qui saigna l’Espagne pendant 35 ans et nous condamna, par dizaines de milliers, à l’exil.
Vous n’avez jamais été élu par le peuple espagnol, et tant qu’il ne sera pas consulté sur monarchie/ république, je vous considèrerai comme illégitime. Vous êtes, outre Chef de l’armée, impliqué dans les affaires politiques, ce qui n’est pas votre rôle. Vous avez, à plusieurs reprises, soutenu la politique néolibérale des gouvernements successifs, mais vous vous taisez lorsqu’il s’agit de retrouver les plus de 100 000 disparus républicains de la guerre, et de l’après-guerre d’Espagne. Ne sont-ils pas eux aussi des citoyens espagnols ?
Vous vous taisez au sujet des milliers d’enfants volés par les franquistes à leur mère républicaine, authentiques « disparus de leur vivant ». Que faites-vous pour leur rendre leur véritable identité ?
Vous faites montre de charité chrétienne, mais vous ne respectez pas les préceptes évangéliques : on ne vous a jamais entendu condamner Franco et la dictature, qui en vous choisissant comme successeur, ont verrouillé le système (« atado y bien atado »).
Au moment où un nombre croissant d’Espagnols souhaitent une république moderne, sociale, fédérale, pour en finir avec l’archaïsme monarchique, vous accordez des titres nobiliaires à vos petits amis, titres de surcroît héréditaires (B.O. 04/02/2011)
Alors, oui : « Pourquoi ne te tais-tu pas ? » comme vous lançâtes un jour à un chef d’Etat latino-américain élu. Pourtant, vous avez de quoi vous taire.
Même si elles sont constitutionnelles (art. 62), vos « marquiseries » sont une farce et un camouflet à la démocratie. Une constitution qui permet de tels privilèges mérite une refondation totale. Il ne s’agit pas ici de mettre en doute les mérites de ces marquis anoblis de fraîche date : l’écrivain Vargas Llosa, le footballeux Vicente del Bosque, etc., mais de condamner un régime féodal d’exception.
« Marquis de Vargas Llosa » : c’est à pouffer de rire, ou à mourir de honte !
Même si ce titre va comme un gant à ce converti rallié au conservatisme politique et au capitalisme le plus débridé.
Vous êtes le digne héritier de vos aïeux monarques, vous qui, à l’instar d’un Charles Quint, ou d’un Philippe IV, créez vos réseaux clientélistes par des promotions autocratiques et aristocratiques. De tels procédés sentent la naphtaline, rappellent des pratiques rances.
Face à des telles mascarades, de tels retours en arrière, de tels empiètements sur la démocratie, nous sommes nombreux à crier : « Vive, et vite, la République ! ». C’est le régime légal de l’Espagne, que le peuple a choisi démocratiquement en 1931, et qui a été confisqué depuis par Franco, puis par vous-même.


Meilleures salutations,

Jean Ortiz,
Professeur à l’Université de Pau.
Fils de combattant républicain, et de guérillero.

Les commentaires sont fermés.