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22/07/2012

Une invasion invisible?

Une invasion invisible?


A Caracas, place Altamira, sur le lieu même où se réunirent les putschistes en 2002, où ils prièrent pendant des semaines face à l'obélisque de Luis Roche, à quelques pas du grand hôtel où ils cachèrent les armes, il règne un calme glacé d'hommes d'affaires pressés. Pas une affiche de Capriles. C'est à se demander si le candidat de l'opposition fait campagne dans la rue. Un secteur de la droite reconnaît même qu'il est franchement mauvais. Il est à la fois un montage politico-médiatique, une feuille de vigne, et un expert en communication. Pour gagner en popularité, il va jusqu'à singer Chávez, portant parfois le chapeau paysan des "llanos" (plaines d'élevage) ... lorsque Chávez le porte.
La droite, difficilement unie dans la MUD, sorte de front d'unité de facade et "démocratique", sait qu'elle va perdre. La tonalité, dans les rues, les sondages, en témoignent. Le Comandante bénéficie d'un quotient personnel impressionnant, renforcé par sa lutte courageuse contre la maladie. Alors, la droite prépare déjà le terrain. Sa ligne de défense apparaît clairement dans les médias : " Chávez viole la constitution, le code électoral", "s'apprête à frauder", "monopolise les ondes" ... La droite et ses alliés socio-démocrates, démocrates chrétiens, vieux restes des partis qui ont fait failite, mettent tout en place pour un "néo-putsch" pseudo-démocratique. Le journal Tal Cual, de l'ex-guérillero repenti, Teodoro Petkoff, ex-ministre ultra-libéral du président COPEI (chrétien démocrate) Rafael Caldera, titre : "Chávez viole la constitution", le code électoral, alors que c'est le candidat ex-putschiste Henrique Capriles Radonski qui a refusé de signer le cahier des charges électoral. La campagne sur la fraude est déjà instillée. Battue, la droite conteste d'ores et déjà les conditions de la campagne et le résultat qu'elle pressent. La plupart des chavistes, militants de base ou députés, que nous avons rencontrés craignent qu'après la Lybie, la Syrie, nous disent-ils, ce ne soit le tour du Venezuela. Au parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), comme au petit parti communiste (PCV), on redoute une déstabilisation qui ferait ici couler beaucoup de sang. "Chávez es pueblo" Un ami universitaire nous laisse entendre que des groupes paramilitaires se préparent, certains venus de Colombie.
Nous prenons le métro, dangereux selon la propagande des médias-mensonges; il nous apparaît propre, calme et efficace. Des affiches y défendent la réforme agraire, appellent à respecter les règles civiques élémentaires.
Arrêt station Capitolio. Sains et saufs. Pas de chars cubains dans les rues, mais une Police nationale bolivarienne, au sifflet strident, créée en 2009 pour pallier la corruption des anciens corps.
Place Bolívar, face à la statue équestre du Libertador, un groupe de vieux messieurs et de vieilles dames, anciens guérilleros communistes des années 1960-1970, attendent de recevoir un prix à la mairie. La cérémonie commence par un hommage officiel à Gustavo Machado, fondateur du PCV. Après l'offrande florale aux pieds du Libertador, une chorale entonne l'hymne du Venezuela. Ces vieux lutteurs communistes, Hernán Abreu (Patricio), Carmen Estévez (Lucía), sont émus de la présence d'un communiste francais. L'internationalisme peut s'avérer lacrymal. Demain, départ pour une virée kilométrique à l'intérieur du pays.
Menu du soir: empanadas pabellón.

Jean Ortiz

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