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06/11/2012

Ma vie avec "El comunero"

 

Découverte tardive de la bohême.

Depuis quelques semaines je me suis "fondu" dans le groupe "El Comunero", à son invitation, pour animer un débat avant chaque concert, au black évidemment.

"Comunero" est un groupe bio de six saltimbanques avec peu de blé en banque. Ils sont "intermittents" du spectacle. En espagnol , "el intermitente", c'est le clignotant. Leurs yeux clignotent du plaisir de vivre ensemble une utopie concrète, construite en quatre ans, et qui a gagné en qualité en si peu de temps.
Le deuxième CD est une vraie réussite.
"Comunero", c'était le "nom de guerre" que les anars avaient donné à "l'abuelo" coco de Tomas. Ce vieux coco n'était pas dogmatique pour trois sous. Pour quatre, allez savoir...
Son petit-fils Tomas, à défaut de prendre les armes à feu, prend le fusil à paroles, à la recherche de son identité. Pour se situer, se projeter dans le présent tout en s'inscrivant dans une filiation exigeante.

Tomas est le chanteur (première voix- queue de cheval; la seconde est belle aussi, malgré ses cheveux fous) leader androgyne au cœur de ce projet commun, artistique et politique, de cinq Robins des prairies (pour l'herbe):
- l'extraterrestre clarinettiste, donquichotte déglingué et génial
- le trublion contrebassiste qui a choisi l'instrument le plus ingrat... mais que Brassens aimait tant. Petit, il doit grimper aux cordes.

- le marxien électrisé et qui porte en lui "la nuit des camps": son grand-père partit un jour vers très "loin dans l'infini, (où) s'étendent de grands prés marécageux et où pas un seul oiseau ne chante..."
- le lélino-batteur, hystérique de bonheur et de talent lorsqu'il cogne sur sa quincaillerie
-l'azzolien accordéoniste-tromboniste-youkoulaidlaid-iste...ce garçon sait tout faire, même jouer du musette; il a plus d'un tour dans sa musette

 

Leur projet? : s'enrichir, s'enrichir; du blé, du blé pour les plus laids

S'enrichir musicalement
idéologiquement
artistiquement
manger au kebab du coin
dormir dans une chambre d'hôtel à cinq lits côte à côte, pour réchauffer leurs partitions et sans péter ni ronfler... La pensée du camarade Durruti l'interdit.

Lorsque tes pieds dépassent, tu les replies.
Chaque après-midi, ils se mouchardent, se cafardent, "insolidarios"... On appelle cela "faire la balance", "chivatear".


C'est le moment où le seul non mouchard du groupe, l'accordéoniste, me joue des "pasos", pendant que les autres font du bruit pour le plaisir d'un monsieur qui est payé pour pousser des petits boutons sur une console son. Bien payé, il s'en console.
En tournée avec un groupe, c'est en accepter les contraintes, le fonctionnement proudhonien et autogestionnaire  , plus camion ou minibus que "gestionnaire". Leur manager de l'ombre est un militant trapus, ventru, mais "rouge". Dans la clandestinité, il se fait appeler: "Pierrot" ou "le haricot de Tarbes"

Avant et après le spectacle, chacun transporte et range le matos, sauf Tomas, toujours en interview...
Les retours dans la nuit se font sans éthylomètre.
J'aime surtout les loges..., les loges, c'est le top; un jour, j'en ferai l'éloge... Des lits, des frigos, des puces... Hier soir il n'y avait même pas à grignoter...D'autres fois, nous avons droit à des salades spartiates sous plastique, ou à l'abondance de la bonne tambouille des bénévoles, comme en Ariège.
Tard dans la nuit, des groupies courent encore derrière le camion malgré le pot d'échappement défectueux. Elles crient: "Tu mens Tomas. Tu m'as trop fait mal. Thomas Mann. Reviens Tomas, j'ai les mêmes tomates à la maison". "Ton matelas Tomas"... et Jean passe.

Avec "Comunero", l'exotisme c'est ici pas au Venezuela...Mais à l'heure "J", pas une minute de retard, tout baigne, comme par miracle. La sueur remplace la bière. Et les fans et fanses se déhanchent en levant le poing. L'inverse serait difficile. "Comunero", groupe de scène avant tout, dégage et communique une énergie rare en ces temps peu propices à l'érection. Et pourtant, ils parviennent à faire rimer érection et révolution.
Avant chaque concert, le papy se maquille pour faire "d'jeuns"; puis se dope à l'histoire des "rouges" et des "noirs", et chauffe la salle.
Triste destinée d'un universitaire qui termine sa carrière chauffeuse de salles.

 

Jean Ortiz

Commentaires

Merci Juan pour ta présence et ta plume ! ! !

Écrit par : Tomas Jimenez | 06/11/2012

Une belle vie de clandestin que j'espére faire venir sur Marseille !! Trés bel hommage

Écrit par : Nadine cesari | 10/11/2012

Un très bon livre sur la guerre d'Espagne http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-guerre-espagne-barcelone.html Mais bon, comme le camarade Ortiz n'a joué aucun rôle dans sa publication je parie qu'il va effacer ce commentaire

Écrit par : Pikwik | 12/11/2012

Les commentaires sont fermés.