07/01/2013
Pourquoi "Rouges vies. Mémoire(s)"?
Pourquoi "Rouges vies. Mémoire(s)"?
Pourquoi des "Mémoires" si tôt? me demande-t-on.
1/ Parce que j'écris à partir de cinq heures du matin
2/ parce que tout ce qui est écrit n'est plus à écrire
3/ parce que malgré mon assurance-vie, je ne suis pas assuré d'être immortel. Entrer à l'Académie française suppose beaucoup de renoncements.
Plus sérieusement, je travaille depuis longtemps sur la mémoire et les mémoires: de la Guerre d'Espagne, de l'antifranquisme... Qui plus est, aujourd'hui l'écriture est de plus en plus "arrinconada" (reléguée), la langue de plus en plus aliénée, colonisée, pauvre... et l'expression poétique menacée.
Il faut donc contribuer à libérer la langue et la poésie, en menant la bataille des mots comme une composante de la bataille politique. On commence par lâcher sur les mots, et on finit par lâcher sur le contenu, sur le sens. Les mots sont des outils, des armes indispensables au combat révolutionnaire.
Pourquoi me raconter?
Pour éviter à d'autres de le faire! Oh, je les vois déjà, je les lis déjà, je les entends déjà... J'écris des récits d'une vie, de vies, pour contribuer à l'océan émancipateur. En effet, Ernest Heminguay disait : "nul homme n'est une île complète en soi-même"; écrire, c'est former progressivement un archipel.
Je me raconte (et j'ai conscience que nous sommes des milliers), fils de la Guerre d'Espagne, de "rouges", d'immigrés, de prolétaires et que nous portons encore les stigmates de l'exil politique de nos parents ou grands-parents. Donc, "Rouges vies" n'est ni un livre d'histoire ni une autobiographie. Cependant, il restitue les faits avec précision, dans leur contexte; il les analyse, apporte des données historiques, entrecoupées de respirations poétiques... Bref, un objet historico-littéraire assez atypique. Moins long et moins coûteux qu'une psychothérapie!
Pourquoi ce livre, finalement?
Parce que je crois que les militants doivent être des passeurs d'apprentissages, de résistances, de mémoires des luttes d'hier... pour mieux se battre aujourd'hui.
Jean Ortiz
12:13 | Lien permanent | Commentaires (0)
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