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28/05/2013

Marinaleda

http://www.legrandsoir.info/acharnement-politique-et-judi...

24/05/2013

Espagne : indignation-rébellion-alternative

Espagne : indignation-rébellion-alternative


    L'Espagne est pillée, vampirisée par la "troïka"; la brutalité de cette violence de classe FMI-BCE-CE fait le malheur de tout un peuple, et le bonheur du capital (la part des revenus du travail dans le Produit intérieur brut du pays a diminué en 2012 de 5,2%, et celle du capital a augmenté de 3,6%). Nous rentrons d'Andalousie (37% de chômage). La "contre-révolution" menée par le néo-franquiste Parti Populaire à coups de "recortes" (amputations budgétaires, salariales, etc.), provoque une véritable involution de civilisation. 57% de jeunes au chômage, 6 millions de chômeurs au total, soit 30% de la population active, 415 117 "desahucios" (saisies-expulsions de leur logement, par les banques, de familles prises à la gorge par l'éclatement de la "bulle immobilière"), 5 000 000 de logements vides... Cette crise totale secoue toutes les institutions, le système électoral, le pacte de la "transition", et la monarchie elle-même; les médias internationaux et nationaux s'inquiètent désormais de la dégradation de son image à la suite des nombreux scandales qui impliquent la Maison royale. Un secteur de la droite suggère l'abdication du monarque... Des voix de plus en plus nombreuses exigent que la transparence soit appliquée aux comptes et au fonctionnement de la Maison royale. Le 8 avril, M. Rajoy a adressé un message de soutien au roi, et le PSOE reste, quant à lui, le parti le plus monarchiste! L'Espagne se "républicanise", entend-on. Le débat Monarchie / République est ouvert.
Dans les rues de Madrid et de la plupart des grandes villes, des "marées" de toutes les couleurs envahissent les artères principales, sans refluer depuis des mois. Le 12 mai, la "marée verte" des personnels de l'Enseignement a paralysé par une grève générale tout l'enseignement (72% de grévistes). Le mouvement social s'exprime par une multitude de "plateformes", de réseaux sociaux, coordinations, collectifs, actions syndicales... Le dimanche 12, le Mouvement des Indignés (M-15), le plus important mouvement social depuis la transition, a fêté dans les rues son deuxième anniversaire. Il est devenu moins massif, plus éclaté en fronts différents, mais a gagné en maturité, et en prise avec la réalité. Souterrainement, il a essaimé, et porte aujourd'hui des slogans comme "Oui, c'est possible!", "Escrache au système" (les "escraches" sont des actions de répudiation contre les banquiers, les politiciens libéraux, menées par les victimes des expulsions, entre autres). Tous les groupes s'accordent sur la critique et le refus du système, mais restent sectorialisés, divisés quant aux solutions.
    Le Parti socialiste, de plus en plus discrédité, n'affronte pas véritablement le gouvernement, (mais peut-il le faire alors qu'il en partage les orientations principales?), et envisage même un pacte "anti-chômage" avec le gouvernement, que le roi appelle de ses vœux. La coalition Izquierda Unida (IU) est donnée dans les sondages à 18%, talonnant presque désormais le PSOE. L'ancien leader communiste de IU, Julio Anguita, dans le livre Conversations sur la Troisième république, considère que malgré l'atomisation des groupes, ceux-ci "peuvent se transformer en la référence mobilisatrice de la majorité sociale". Julio Anguita travaille à la constitution du "Front civique. Nous sommes la majorité" (Somos mayoría), et appelle à la "désobéissance civile intégrale". Ce front cherche à réduire les divergences et se veut catalyseur d'un contre-pouvoir qui devienne "alternative éthique et légale" de l'Etat. Des leaders issus du Mouvement des Indignés (Público.es 12 05 2013) constatent que les manifestations de rue ne suffisent pas, même si elles écrivent de nouvelles règles du jeu et participent d'un "processus dé-constituant". L'exigence d'une régénération démocratique par un processus constituant, qui s'appuie sur un programme élaboré "en bas" par le peuple, ne cesse de grandir. La constitution actuelle est en déphasage total avec les besoins du pays et les aspirations du mouvement social. Par exemple, l'article 135 garantit le paiement de la dette bancaire privée sur fonds publics; l'article 8 attribue à l'armée la défense de "l'unité nationale", dans un pays pluri-national; l'article 38 sacralise la "libre entreprise"...
    Ce bouillonnement protestataire et alternatif porte en lui des contradictions, des tensions, des affrontements, mais la méfiance par rapport à la "politique" a reculé, les militants communistes et d'IU, très impliqués, sont mieux acceptés, et nombreux sont ceux qui réclament la création d'espaces de convergence, de construction commune, et la nécessité de traduire la colère de façon plus politique. Le mouvement "Alternative d'en bas" doit se constituer à Madrid les 6 et 7 juin par une amorce de convergence entre les mouvements de constestation, les plateformes multiples, les réseaux sociaux et les militants de la gauche anticapitaliste.

Jean Ortiz.

"El Pais", le journal espagnol de révérence

 

"El Pais", le journal espagnol de référence ?

 

Le quotidien espagnol "El Pais", si furieusement antichaviste, est devenu depuis longtemps un journal de révérence devant les marchés ; les "libéraux", l'Europe du "parné" ("fric" en argot espagnol),  la concurrence, le libre-échange... Proche historiquement du PSOE, si proche qu'il en épouse les aigreurs d'estomac contre "les populistes", "les dictateurs" à la Chavez, à la Evo Morales",  mais accorde des circonstances atténuantes aux "autorités" du Honduras, de Colombie, du Paraguay...

Entré en Bourse et "contrôlé" à 70% par des fonds d'investissements anglo-saxons (Liberty Acquisition Holding) , donc "libre", sans fil à la patte, "El Pais" avait, en novembre 2012, opéré une purge de 129 emplois, au grand dam de l'ensemble du personnel. La "normalisation" continue.

 

"El Pais" tolérait depuis trente ans en son sein une "rebelle"... mais surdouée: la chroniqueuse de la rubrique "Opinion" Maruja Torres, journaliste et romancière, prix Nadal et Planeta de littérature. Rien que çà...Elle vient d'être poussée vers la sortie.


Madame n'a pas l'échine souple et s'est positionnée à plusieurs reprises contre "les dérives" du journal et de ses "propriétaires", la famille socialiste Cebrian. Juan Luis Cebrian est le tout puissant "conseiller délégué" du quotidien fleuron de la multinationale "socialiste" "Prisa" (également actionnaire du Monde), celle là-même qui possédait en Bolivie des radios, des journaux "libres" (La Razon, El Nuevo diario, Extra), qui monopolisait à La Paz  et au Venezuela (par le biais de ses éditions "Santillana") le marché des manuels scolaires, etc., etc., et qui fut expropriée par les tyranneaux Hugo et Evo . (que l'on se rassure: "Prisa" possède encore plusieurs médias dans d'autres pays du continent).

 

"El Pais" vola au secours des intérêts de classe de son groupe éditorial "Prisa" et défendit (et défend toujours) "la liberté du marché", donc: de la presse... Nous savons depuis longtemps que le pouvoir économique contrôle le pouvoir médiatique, et le feuilleton "El Pais" conforte cette désormais lapalissade. Au nom de la liberté de la presse, qui s'arrête là où commence celle des multinationales, les "nouveaux et anciens chiens de garde" bétonnent en réalité la liberté d'entreprise, même si le prix à payer est celui du démantèlement progressif d'un journal de référence, né de l'antifranquisme et de la "transition".

La "croisade idéologique" pro-système de grands médias, devenus ici et là des armes de déstabilisation politique, se retourne au final contre eux. En août 2009, "El Pais" partit en guerre contre une prétendue "loi bâillon" des médias au Venezuela. Il s'agissait d'un bobard, d'un mensonge, comme la supposée photo de "Chavez" en soins intensifs, publiée à la une du quotidien (un "scoop" sordide dont il était fier), le 24 janvier 2013. "Le secret de la maladie de Chavez" était un faux, du bidouillage. Où sont passées l'éthique, la déontologie, les bases du métier? La haine de classe et la marchandisation de l'info conduisent au pire...

 

Maruja Torres avait affirmé à plusieurs reprises que la vocation d'un journal "n'était pas d'enrichir quelques-uns" ni de se transformer en "petite sardine " de Wall Street. Vilain petit canard!

Dans sa dernière chronique elle s'attaquait aux "dirigeants des grandes entreprises et des grandes banques qui blindent leurs salaires et leurs retraites" et "au canaille qui, soutenu par ses pairs à la tête du capitalisme cannibale, a perdu tout scrupule". Bien vu ! Mais c'était trop.

Dans l'Espagne du PP-PSOE,  saignée par "la troïka", une telle lucidité mérite autodafé.


Jean Ortiz