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29/09/2013

Camarades, allons voir si la rose

 

Camarades, allons voir si la rose

On ne m'en voudra pas de paraphraser ce brave Ronsart

Il faut que je vous dise

j'ai passé la journée à pachamamer

à jardiner depuis 7h40 et quelques frissons

à caresser mes roses à corps fou

des plus rosières aux plus rosses

 

Il faut que je vous dise

j'ai une roseraie vraiment militante

qui fait la nique à toutes les Vénus

Je l'ai constituée  de boutures "roms"

volées au jardin pentu de mon père gitan

 

Il avait la main rouge "le rouge"

Il plantait, greffait, taillait, arrosait

et tout fleurissait, bourgeonnait, germinait

Il aimait ses roses comme sa République

 

Il envoya même Mitterrand sur les roses

lorsqu'il le vit  une rose à la main

Il savait qu'il allait vite en trahir la beauté

qu'elle allait  se faner, perdre son état de grâce

 

Depuis la Guerre d'Espagne

 Enrique connaissait bien le pot aux roses socialo

"Le vieux" m'a transmis la passion des roses vraies

et d'ailleurs les plus fières ne sont pas roses

La rose me lie à une histoire, à toutes les "treize roses"

A l'aurore, entre les rosiers, j'entends Aphrodite

 Brassens, Neruda, Berthe Silva, et j'en piaffe

 

La rose à la rosée est tendre et fragile

elle ne dure qu'un matin disait Malherbe

mais un matin de douce éternité

comme un orgasme d'esthétique

La plus pourpre, je l'ai baptisée Hugo

et la plus métissée: Evo

la plus récente s'appelle Lucie

la presque noire: Che

 

En ce moment, elles refleurissent

timidement, comme si elles avaient peur de l'hiver

de la pourriture et du temps fétide

Vous me direz: et le Venezuela, la Bolivie, l'Espagne?

Je leur consacre mes plus belles essences

Mais où sont les engagements et la solidarité d'antan?


Jean Ortiz

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