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23/11/2013

De Sète à Valparaiso

 

De Sète à Valparaiso

 

Le militantisme qui m'a trop souvent égratigné

pour être tombé d'dans depuis près de cinquante ans

me jette par un temps venté auprès d'un phare clair

tout près d'un outre-noir que j'arbore encor

pour soulager un temps des colères inguérissables.

 

Terminus cette fois chez les Ramos, Chemin du phare des pirates, à Sète.

 

Et dans le ventre d'une baleine. Selon Manuela, qui dévore un énorme plat de lasagnes, (spécialité étrangère), Sète viendrait du latin "cetus" : baleine. Sais-tu Manuela que cette étymologie m'indiffère. Sète est pour moi la ville que je traversais jadis en chantant la "supplique", plié en huit comme sardine en boîte, pour aller en fac à Monpel au volant d'une 4CV rétive.

Alors me retrouver à dormir à cinquante mètres derrière le phare, tout près de la maison de Pierre Soulages et du cimetière marin, tout près de Valéry et de notre Vilar, c'était l'antidote contre le sommeil, le prétexte pour passer la nuit à balayer le ciel , avec le phare au loin de l'Espiguette, et à guetter le retour -ou le départ- de quelques pêcheurs obstinés. La mer la nuit est d'un noir lumineux. Toujours Soulages, qui brille dans le noir comme on n'ose plus le voir.

 

Les Ramos perchent sur le Mont Saint-Clair, cet orgueilleux sommet méditerranéen, haut de... 185 mètres, et qui se prend tellement au sérieux qu'il en a chassé marins et travailleurs sétois. Les bourges, c'est eux, se sont emparés de ce lieu et y ont construit moult résidences de mauvais goût.

 

Jadis, les ouvriers du port, les pêcheurs,  possédaient ici des "baraquettes", comme à Nîmes les "masets", et se retrouvaient-entre hommes- le dimanche- autour d'une macaronade. Ils dominaient le port, la mer, l'étang... Ils étaient des centaines de dockers rouges, de cheminots, de marins, de pêcheurs, de rebelles... Sacrifiés depuis sur le mont, ni clair ni saint, du fric fou. Au loin, le Carigou et le Ventoux.

 

La plaisance a envahi port et canaux et les bateaux ne sont plus solidaires. En 1939, plusieurs partent de Sète vers le Mexique, chargés de Républicains espagnols, "indésirables" en France, désirés au Mexique du président Cardenas. Un quai en porte mémoire. C'est cette histoire belle et fière des premiers combattants antifascistes, les Républicains et révolutionnaires espagnols, que ne cesse de raconter l'association mémorielle ASEREF. Elle lui donne une nouvelle vie et en féconde les combats d'aujourd'hui. 

Ce vendredi, elle présentait au cinéma Comedia l'histoire du Winnipeg. Encore un bateau espoir, un cargo internationaliste. Et le pouvoir subversif de la poésie. Un poète "d'utilité sociale", qui fait chanter la traversée: Pablo Neruda. La salle est bien remplie. Emotion. Un exilé chilien de Valparaiso , ému par le documentaire, parle de luttes lointaines, de rêves toujours possibles. Un pêcheur à la voix de stentor, une figure locale, s'exprime sans micro mais avec ses tripes. Le coco a été maire, député, et repart au combat. François n'a jamais raté une de nos soirées sétoises. J'aime ici ce temps des camarades, encore vivant. Ici, le passé a de l'avenir.

De Sète à Valparaiso, l'utopie quotidienne, l'engagement militant, rapprochent les rivages.

 

Jean Ortiz

Commentaires

« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!
(…)
Oui! grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil

Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs! »

Écrit par : Luz | 23/11/2013

C’était en 2002, pour le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, notre amie cubaine Carmen Suarez , spécialiste de José Marti courait d’une tombe à l’autre à la recherche de Paul Valéry ! Le soleil de notre midi courait aussi au dessus de nous lorsque devant la pierre tombale, Carmen la poétesse cubaine, émue s’immobilisait dans un vertige, sans voix , elle les attendait depuis tellement longtemps , peut être un siècle ?
Victor Hugo, José Marti et Paul Valéry sont dans les bibliothèques de la petite île de Cuba...

Écrit par : NONAYRAULTPORT | 24/11/2013

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