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22/08/2015

Ce que prend le temps de nous dire José Fort

José Fort vient de publier aux ed. Arcane 17,  « Ce que je n’ai pas eu le temps de vous dire » pendant 30 ans d’humanité à « L’Humanité ». Un livre difficile à caractériser, à cataloguer. D’où son intérêt. Pourquoi vouloir étiqueter des tranches de vie racontées sobrement, sans chichis, sans réécrire l’histoire, sur un ton juste, parfois intime, toujours avec empathie ? Que le lecteur se rassure, il n’y trouvera rien de « croustillant », de voyeuriste, aucun règlement de comptes malgré quelques banderilles (non vachardes). Seul Scoop avorté : on buvait beaucoup à la « vie inter » de « L’Huma ». Mais la bande de gaillards talentueux pouvait se le permettre!

Ce livre n’est donc pas un livre de mémoires, encore moins des « Mémoires ».

José Fort ne prétend pas couvrir trente ans de vie du quotidien de Jaurès, des années 1970 jusqu’aux années 2000, mais dire deux ou trois choses que « l’actu » a reléguées, ou sur lesquelles elle n’a pas permis de s’étendre, ou qui sont restées sur les carnets de notes ou gravées dans les souvenirs du journaliste.

Jai lu « de un trago », d’un trait, ce livre à première vue chaotique parce qu’il n’a précisément d’ordre que dans le désordre chaleureux, authentique, des militants, des personnages historiques croisés, aimés, par celui qui fut le « chef » des pages internationales de « L’Huma ». Ordre dans le désordre de la diversité des rencontres (sans mythification ni culte) avec des « grands » du vingtième siècle (Fidel Castro, Arafat, La Pasionaria, Mandela, Ben Bella...), dans l’émotion ou le cocasse des anecdotes. Dans la chaleur humaine du panthéon politique communiste de ces années de crues et de décrues, un panthéon assumé avec fierté et affection par l’auteur. Chaque époque paraît-il produit les hommes dont elle a besoin... José laisse percer une tendresse admirative, nuancée lorsque cela lui apparaît nécessaire, pour les Roland Leroy, René Andrieu, Georges Marchais, Henri Alleg, Georges Wolinski, Yves Moreau, Rol Tanguy, Lise London, François Lescure, Georges Fournial..., et « tras los montes », pour Marcelino Camacho, Santiago Carrillo, Dolores... 

Tendresse pour « Nuestra » République, « notre » Guerre d’Espagne... « notre », car José est le fils du commandant Gabriel, l’un des 9000 volontaires français des Brigades Internationales), victime d’une ennemie balle qui, entre Brunete et Boadilla del Monte, lui sectionna le nerf optique et le rendit aveugle. Et il continua. José parle de ce « héros » (appelons un chat un chat) avec retenue, pudeur. Combien de ces « héros », de ces militants, tout au long du vingtième siècle, se sont levés les premiers, ont donné toute leur vie, souvent la vie tout court, pour que les ouvriers brisent leurs chaînes, pour barrer la route au fascisme, pour la révolution et le socialisme... Ils sont en nous. On sait ce qu’il advint... Mais José est de ceux qui croient que le socialisme -nécessaire- « reste à inventer ». Démocratique ou il ne sera pas. Un livre fort et fort bien venu.

Jean Ortiz

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