17/01/2016
PCF: Au petit jeu de la « refondation »
PCF: Au petit jeu de la « refondation »
Quelques communistologues ont trouvé la thérapie miraculeuse (et usée jusqu’à la couanne) pour redonner au PCF la force qu’exige la situation « de merde » que nous vivons. Faut dire qu’ils ont cogité de longues heures du rang. Réunis en conclave, il a fallu attendre 15 jours pour qu’apparaisse en fin la fumée rouge : Habemus trouvatus solucionus nouvellus partitus !! Et d’égrener : Il faut refonder, à fond, les fondements de la refondation du PCF. De la cave à la cheminée ! Rien que çà.
Alors gai gai refondons ! Pour noyer le poisson ? Pour échapper à un vrai débat critique sur la stratégie vers une société nouvelle ? Sur les responsabilités respectives ? Les tractations auxquelles ont donné lieu, çà et là, les élections régionales relèvent des pratiques de ce que « Podemos », le nouveau « modèle », le nouveau « paradigme », appelle « la caste ». S’aligner sur « Podemos » serait contreproductif, ce qui n’interdit pas de tirer le meilleur des luttes en cours en Espagne, en Bolivie, etc.
Mais on ne peut pas faire mumuse avec le combat politique. Et encore moins quand les maïs sont sous l’autan... fou qui propose des remèdes qui ont déjà épuisé les sols (pastiche). En nous invitant à tout bouléguer, chambouler, d’aucuns cherchent à nous amener à renoncer, à ne plus être nous-mêmes. Ils évacuent ainsi les questions de fond.
Alors gai gai refondons! Au gué, vive la refondation pour refonder ! Faut-il en rire ou en pleurer ? « Refonder ». Vaste programme, dirait le grand Charles. Ne faut-il pas plutôt envisager de revenir à quelques ‘fondamentaux’, sans repliement, sans se figer, sans épouser ni regretter ce qui a échoué... mais sans tout jeter par le vasistas, y compris les acquis des précédentes « refondations ». Ne faut-il pas reprendre certains marqueurs de classe, les actualiser, sans aucune nostalgie du passé ? La lutte contre la seule austérité ne paraît pas constituer à elle seule un projet de société, une stratégie révolutionnaire. En rester à ce niveau, ne reviendrait-ce pas à s’enfermer dans une démarche de type syndical ? Le projet de société nécessaire, cette feuille de route, tout en n’esquivant pas les problèmes immédiats les plus urgents, doit aider à cheminer vers « les étoiles » à les rallumer, et les désigner. N’acceptons plus que le mot « socialisme » reste tabouïsé, criminalisé. Dé-diabolisons la sémantique usurpée, confisquée !
Quant au « rassemblement », ce mot valise finit par m’apparaître creux, galvaudé, relevant de la langue de platane. Des contenus radicaux ! Des contenus radicaux ! Quant à « la refondation de toute la gauche », la langue de noyer peut cacher la poursuite d’une « socialo-dépendance » plus ou moins consciente. L’ardoise est déjà lourde et nous ne pouvons plus nous payer le luxe de continuer à être perçus comme illisibles, inaudibles. Le danger de disparition n’est pas qu’un fantasme. Ne pourrait-on imaginer une stratégie de large « unité populaire », sur un programme de rupture, avec des comités de base souples, très ouverts... En quoi une politique de front est-elle incompatible avec l’existence et la vie d’un parti communiste, plus nécessaires que jamais au moment où le pouvoir cherche à casser toute résistance, à briser les résistants. Cela sent vraiment mauvais. Faudra-t-il entonner : « Hollande, nous voilà, devant toi le sauveur de la finance... ». Alors, vite, vite, prenons l’initiative d’un vrai front large, avec ambition, enthousiasme et passion. Un vrai front large.
Jean Ortiz
15:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
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