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09/12/2016

Les idées mènent-elles le monde?

Les idées mènent-elles le monde ?

 

Trois jours de « salon littéraire » propret à Pau, un rendez-vous annuel, mal baptisé « Les idées mènent le monde », déclinant en 2016 le thème du progrès. Plus de 30 000 visiteurs, 5 000 de plus que l’an dernier selon les organisateurs. Une kyrielle d’invités, presque tous mondains, triés sur le volet du politiquement et culturellement correct, de l’entregent et de l’entre-soi... François Bayrou, tel Briarée, se démultiplie, accueillant tous azimuts les fringants auteurs bien fringués pour honorer la ville d’Henry IV ... et de François Bayrou.

D’aucuns pourraient s’en réjouir, mais...

 

Les idées mènent le monde... à condition qu’il y ait pluralisme et réelle confrontation ; sinon, le consensus conservateur, fût-il de qualité, préserve l’ordre cannibale du monde. Une chose est la pensée critique, une autre le ronron, le « star system », la mousse, même s’il arrive qu’ils soient de choix. « Le parisianisme des lettres » peut remplir des salles en province, mais ne saurait nourrir vraiment des réflexions alternatives. Une collection d’invités ne tient pas lieu de projet global. Quelles priorités ? Comment faire vivre et vibrer la culture tout au long de l’année ?

 

Incontestablement, Pau bouge, mais les objectifs prioritaires demeurent difficiles à cerner. Une politique culturelle efficiente se doit d’apporter la culture à ceux qui en sont le plus éloignés, à les impliquer. Le public déambulateur du « salon », à n’en pas douter, fréquente assidument les livres (ce qui, en passant, confirme que TF1 et compagnie prennent les gens pour des andouilles), mais dans sa majorité n’a plus 20 ans...

 

Une vraie politique culturelle doit aider et renforcer le tissu associatif, au demeurant bien vivant dans notre région, consolider les festivals existants, les théâtres locaux, les cinémas d’Art et d’Essais, multiplier les actions remarquables comme celles de Fayçal Karoui ; en bref, refuser un tape-à-l’œil facile et travailler en profondeur, œuvrer à la démocratisation de la culture de qualité, jour après jour.

 

Certes, les librairies de cru semblent satisfaites des ventes. Mais les porteurs et les acteurs locaux de culture dans tout ça ?

 

La démocratisation de la culture, pour progresser, exige d’autres chemins, multiples, et plus larges. Car n’oublions jamais qu’un homme cultivé en vaut deux ! Et surtout qu’un homme cultivé est d’abord un homme libre.

 

Jean Ortiz