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14/11/2012

Espagne: Succès de la grève générale

La grève générale du 14 novembre a été sans doute la plus importante de toutes celles qui ont eu lieu contre l'austérité, de droite et de gauche. Les syndicats CCOO, UGT, USO, annoncent 76,7% de grévistes, soient 9,1 millions de salariés du public et du privé (sur 11,9 millions de travailleurs concernés). Des pourcentages qui parlent d'eux-mêmes, et sont constestés par gouvernement et patrons... on connaît la chanson.

La grève a été quasi-générale dans l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'industrie, l'énergie, le bâtiment ... au total, environ 95%

Dans l'administration locale, 75% de grévistes. Dans l'éducation, 75% également.

Les régions les plus mobilisées ont été la Catalogne, les Asturies et la Galice (autour de 85%), l'Andalousie 80%, Cantabrie 79%, Madrid 78%, etc.

"Eva la Rouge". Les enfants volés par les franquistes...


http://youtu.be/3ys8NK0nXU0

 

Un documentaire de 12 minutes Gautier-Ortiz. Faites-le circuler.

¿Dónde están?

Chronique Venezuela (Le Grand Soir)

 

VENEZUELA: et  maintenant?

Les élections présidentielles vénézuéliennes ont constitué un nouvel échec pour l'impérialisme qui espérait un résultat plus serré, voire la défaite de Chavez. Chavez a vaincu une coalition nationale et internationale, qui s'est acharnée jusqu'au lynchage politique, médiatique. Rarement homme politique aura été l'objet d'une telle haine des néo et des sociaux libéraux (alliés), d'un tel dénigrement.
Malgré cette guerre idéologique de chaque instant, le 7 octobre, le projet politique bolivarien a gagné plus de 500 000 voix et ce, au bout de 13 ans de révolution et alors que Chavez n'est plus celui de 1998, qui cherchait une sorte de troisième voie, mais prône aujourd'hui le socialisme. Il bat de onze points l'ultra-libéral Henrique Capriles qui tenta de se déguiser en social démocrate; c'est dire combien est populaire au Venezuela le "libéralisme"!!
Depuis 2006, Chavez et les chavistes, le PSUV, portent un projet socialiste, et ils gagnent les élections sur cette base politique, élevée, et rare mondialement par les temps qui courent. Ne boudons donc pas notre plaisir.
Dès le lendemain du scurtin, le président Chavez appelait à ne pas s'auto-satisfaire de la victoire, et à corriger les erreurs, à s'attaquer à l'insécurité, à la corruption, à développer une critique des dysfonctionnements, une remise en cause permanente du chantier ouvert, à répondre aux frustrations populaires, à donner une nouvelle impulsion au cours politique "socialiste". Donc à accélérer. A l'intérieur de l'énorme PSUV, des secteurs minoritaires étaient partisans de temporiser afin, disaient-ils, d'élargir les alliances, de donner en quelque sorte des garanties aux couches moyennes et au patronat, aux cadres; une sorte de "paix sociale" qui permettrait de consolider les acquis.
Cette tendance ne l'a pas semble-t-il emporté. Chavez a au contraire appelé à engager une nouvelle étape vers "le socialisme". Cette affirmation peut apparaître paradoxale alors que le Venezuela est encore un pays très majoritairement capitaliste. Les chavistes ont opté pour que la révolution se fasse pacifiquement, pas à pas, dans un cadre démocratique, de pluralisme politique, par la voie électorale, dans le respect de toutes les libertés. Cette stratégie nous concerne.

La campagne électorale a mis en évidence la forte politisation des classes populaires, leur grande implication, l'investissement des plus pauvres, ceux des "barrios", des "ranchitos", notamment dans les "conseils communaux", qui peuvent permettre la transformation de l'Etat, collective, et "d'en bas".
Car le problème de l'Etat reste bel et bien central. Il est encore aux mains des hommes de l'ancien régime, des classes dominantes, et marqué par le clientélisme, la corruption. Jusqu'à présent la révolution bolivarienne le contournait par la mise en place des "missions", ces programmes sociaux, sanitaires, éducatifs,... qui relèvent de l'urgence et non d'une politique à long terme, institutionnalisée, planifiée. Transformer cet Etat, le repenser, élargir son champ et son rôle, deviennent aujourd'hui incontournable.
Le président en appelle à accélérer la construction du "pouvoir populaire", c'est-à-dire à accroître le pouvoir de décision des populations, des "communautés". Nécessité indispensable afin d'améliorer la gestion et le contrôle de politiques publiques dont l'efficacité n'est pas souvent optimale, et les gaspillages importants.
La "révolution bolivarienne" a besoin d'une participation populaire permanente; structurée. La maladie de Chavez rend la gestion collective encore plus urgente et indispensable. Tel est le sens du processus actuel de consultation, proposition, autour du "second plan Simon Bolivar", ou "deuxième plan socialiste de la nation" pour 2013-2019, soumis à un grand débat national pour être amendé, enrichi, avant son adoption définitive.
Il y est question d'aller vers une économie post-capitaliste, post "rentière"(non basée sur la rente pétrolière), pour avancer vers le socialisme du 21e siècle. Ambitieux, le plan se fixe pour objectif d'œuvrer à  l'élargissement de "nouvelles formes de relations de production, de propriété". A la campagne comme à la ville, les structures capitalistes représentent encore environ 70% de l'ensemble... Les transformer suppose donc une rapide accélération du processus révolutionnaire, un  "saut qualitatif" d'envergure qui ne sera possible que par la poussée populaire et des réformes anti-capitalistes d'envergure. Or des secteurs sociaux, des appareils bureaucratiques, chavistes, comme par exemple ce que l'on appelle la "boli-bourgeoisie", freinent, défendent leurs intérêts de classe...
Le "bouclier populaire" a sauvé Chavez en 2002 lors du coup d'Etat; de sa dynamique, de sa conscience, de son implication, des avancées économiques, de l'amélioration de la vie quotidienne, dépendra le cours "socialiste" souhaité par Chavez et, selon les sondages, par un peu plus de 50% de la population. Il reste à gagner une partie de l'autre moitié des Vénézuéliens. Le défi est colossal.

Jean Ortiz