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28/11/2012

ALBA

 

Extrait du site Le Grand Soir (http://www.legrandsoir.info), un site d'information alternative à visiter sans modération...!


ALBA: L'AUBE DES PEUPLES

 ALBA: Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique. L'alba, c'est l'aube, cette naissance d'un nouveau jour, ici d'une nouvelle époque pour tout un continent; l'alba, c'est une lueur, une promesse d'avenir. Et après des siècles de domination espagnole, puis anglaise, et enfin nord-américaine, cet avenir, les peuples d'Amérique du sud l'ont pris en main, assumant et prolongeant la doctrine politique léguée par Simon Bolivar. Le "Libertador" fut le premier à avoir cette vision prophétique d'une nécessaire intégration continentale, d'un destin commun. Dans sa "Lettre de la Jamaïque" (6 septembre 1815), il donne à son combat une dimension continentale. L'Amérique latine ne pourra se libérer que globalement. Une intégration politique qu'il concevait accompagnée d'un "projet d'intégration sociale et raciale".

On comprend dès lors pourquoi l'un des objectifs de la "doctrine Monroe" (1823): "l'Amérique aux Américains" (du Nord), fut d'empêcher, en fomentant la division, cette intégration régionale émancipatrice. Simultanément, Washington a avancé des projets  "intégrateurs", mais impérialistes, sous sa houlette : "Alliance pour le progrès", après la victoire de la révolution cubaine, afin "d'empêcher un autre Cuba", et puis le grand projet stratégique recolonisateur, de l'Alaska à la Terre de feu : la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA, ou ALCA). Lancée avec fracas au Premier Sommet des Amériques en 1994, cette entreprise échouera piteusement au Sommet de Mar del Plata (novembre 2005), repoussée par une majorité de pays du continent. Chacun reconnaît aujourd'hui que le vrai fossoyeur en fut Hugo Chavez. Ce rejet constitua pour les Etats-Unis un revers géopolitique majeur; il ouvrit la voie à une nouvelle résistance des pays et des peuples.

C'est fin décembre 2004 que les présidents Castro et Chavez, à La Havane, portèrent sur les fonts baptismaux une esquisse d'Alternative bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique: l'ALBA. Elle naquit comme un traité bilatéral souple, sans personnalité juridique, pour promouvoir entre pays des coopérations et échanges équitables, équilibrés, réduisant les asymétries, intégrateurs, mutuellement avantageux, hors FMI, Banque mondiale... La naissance officielle fut actée, à La Havane, en avril 2005. H. Chavez avait avancé l'idée en décembre 2001.

Aujourd'hui, 8 pays conforment cet outil politique, qui ne se limite pas au commerce, et s'affirme peu à peu; cependant, le commerce intra-Alba reste encore faible et ne représente que 5% des échanges entre pays de la région. L'important reste donc l'exemplarité et la faisabilité du projet. Oui, d'autres échanges, d'un autre type, sont possibles.

 L'Alba repose sur quatre principes:

solidarité

complémentarité

coopération

respect de la souveraineté

Conçue surtout comme un espace de dialogue entre chefs d'Etat, elle s'est dotée de conseils: présidentiel, politique, économique, social, de comités et groupes de travail, et d'un Conseil des Mouvements sociaux (ces mouvements appelés à être "acteurs" de l'Alba). Chacun peut adhérer à ce laboratoire. C'est ainsi que le Mouvement brésilien des Sans Terre en est membre alors que le Brésil n'a pas rejoint l'ALBA.

Les décisions prises par l'ALBA le sont par consensus politique et débouchent rapidement. Le principe de "supranationalité" en est banni. Elles ne s'imposent à personne.

8 pays la constituent: Venezuela, Cuba, Bolivie, Equateur, Nicaragua, Saint-Vincent et les Grenadines, Antigua-et-Barbuda, la Dominique... Le Honduras s'en est retiré en 2010 après le putsch contre le président Zelaya.

Lorsqu'elle y adhéra, en 2006, la Bolivie y fit inscrire la notion de "Traité de commerce des peuples" (TCP), face aux prédateurs Accords de "libre commerce" impulsés par Washington et l'Europe; le plus récent, signé entre l'Union européenne, le Pérou et la Colombie, est si cannibale, si défaillant en matière de droits de l'homme, du travail, de libertés syndicales, d'environnement..., qu'il a été condamné par la mollassonne Confédération européenne des syndicats.

 L'Alba porte une nouvelle philosophie des échanges. Elle refuse toute concurrence, toute privatisation, et favorise des complémentarités, des avantages coopératifs, le développement des services publics, etc. C'est dans le cadre de l'ALBA qu'un million de personnes ont été opérées gratuitement de la cataracte ("Opération Milagros"), qu'ont été crées des entreprises "gran-nacionales" (et non multi...), la chaîne continentale Telesur (2005), la banque de l'ALBA, la Compagnie Petrocaribe (le Venezuela fournit du pétrole, sans intermédiaire du marché, à prix préférentiel, stable, avec facilités de paiement, à 14 pays de la Caraïbe), et, depuis février 2012, s'est ouvert EcoAlba, un espace économique commun.

 L'ALBA (75 millions d'habitants) dispose d'une unité monétaire commune, créée le 16 avril 2009), le "SUCRE": Système unique de compensation régionale. Mais tout le commerce n'est pas libellé en "sucre", seulement des transactions ponctuelles, des projets ciblés... Les hydrocarbures restent hors échanges en "sucre".

L'exemple le plus emblématique des coopérations albiennes d'un nouveau type est celui du quasi troc entre le Venezuela et Cuba. L' île reçoit le pétrole de Caracas et fournit au Venezuela environ 30 000 médecins, enseignants, éducateurs sportifs, artistiques...

"L'Alternative bolivarienne", créée en 2005 pour contrebalancer le projet d'ALCA, s'est désormais transformée en "Alliance bolivarienne", pour insister davantage sur le renforcement politique, propulsif, de son contenu novateur.

 

Jean Ortiz

Universitaire

 

25/11/2012

Le casse-tête catalan

 

Le casse-tête catalan

 

La Catalogne vote pour renouveler le parlement catalan, dans une situation où tous les dés sont pipés. Le président ultra-libéral de la Generalitat, Arturo Mas (de CiU: Convergence et Union) se rêve en fondateur d'un Etat catalan. Sa fuite en avant "souverainiste" cache mal l'ampleur des amputations sociales, salariales, qu'il a opérées, la mutilation sans précédent de "l'Etat de bien-être social", la mise à mal violente des services publics, la pauvreté qui s'installe alors que les profits  flambent... Arturo Mas, c'est du Thatcher plus "l'indépendance".
Une partie de la bourgeoisie catalane a trouvé dans la relance de "l'indépendantisme" un exutoire, une diversion, à la crise, à sa crise. Ce n'est pas nouveau...S'il gagne, Mas a proposé un référendum sur l'indépendance. Une majorité de Catalans paraît acquise au principe d'un Etat catalan.
Le plus  significatif,  c'est la poussée "souverainiste", "indépendantiste", dans les classes populaires et moyennes, qui payent durement "la crise" et ressentent les relations conflictuelles avec Madrid comme un assujettissement, une discrimination. En effet, les gouvernements socialistes et "pépistes", attachés au sacro-saint "pacte de la transition", à une Constitution de 1978 obsolète, à une vision par trop "centraliste", ont été incapables d'anticiper, d'avancer un "projet national catalan" dans le cadre d'une Espagne républicaine, fédérale, plurinationale.
 La manifestation du 11 septembre 2012 fut colossale, et la revendication: "Catalogne: un nouvel Etat européen", massivement majoritaire.
Le sentiment "indépendantiste" charrie de tout; il porte en lui des aspirations légitimes, le droit à l'auto-détermination, mais aussi le danger d'atomisation, de balkanisation (une aubaine pour les marchés et l'Europe libérale), et un "nationalisme" exacerbé qui suscite un certain mépris des régions "pauvres" de l'Espagne. Au nom de la "péréquation nationale", la bourgeoisie catalane, mais aussi beaucoup de simples citoyens, ne veulent plus "payer pour les fainéants": les Andalous, les Extrémègnes.... Tout ceci prouve à quel point l'intouchable "pacte monarchique de la transition"(dont le "pacte fiscal"), verrouillant consensuellement le système issu du franquisme recyclé, est caduc depuis longtemps, et en rien "modélique". Le système "démocratique" espagnol vit une vertigineuse "crise de légitimité", instrumentalisée de tous bords. Le capital a mis ses œufs dans plusieurs paniers pour préserver sa domination. Cela brouille les lignes d'affrontement.
Cette crise sociale, politique, institutionnelle, provoque une forte aversion contre "les politiciens" et un aiguisement de la lutte des classes. Souvent, même confusément, la "revendication nationale" va de pair avec l'aspiration à la transformation sociale. La récente grève générale a été en Catalogne plus suivie que dans d'autres régions. Les mouvements sociaux contre "l'establishment" madrilène, contre ceux qui "ne nous représentent pas", contre les terribles saignées ("recortes"), de Rajoy et de Mas, sont vigoureux. Leur articulation avec les syndicats et la gauche catalane (mais qu'en reste-t-il?) s'avère faible... La lutte pour une Espagne plurinationale ne peut en réalité être séparée du combat contre les droites catalanes et espagnoles, qui font la même politique néfaste, tout en arborant les bannières "patriotiques". Voilà ce que les uns et les autres s'efforcent de dissimuler.
L'ERC, la "Gauche républicaine catalane", un parti créé en 1931 pour exiger l'avènement d'un Etat catalan républicain (cet Etat fut proclamé, avec la République, le 14 avril 1931), a une politique à géométrie variable. Le parti socialiste catalan a géré la Catalogne pendant deux mandatures, sans vision, sans véritable projet, rallié au néo-libéralisme. Il le paie électoralement. La "gauche de gauche": communistes, verts, groupes anticapitalistes, alternatifs, républicains... a été affaiblie par le bipartisme, mais aussi par ses divisions, son déphasage... Elle pèse peu.

 

Le problème catalan reste donc un défi urgent pour la gauche espagnole et catalane. Seule une réponse sous forme de projet républicain, social, anticapitaliste, fédéral, pleinement participatif, plurinational, débarrassé d'une monarchie illégitime, peut encore modifier la donne et éviter l'éclatement.

 Jean Ortiz

24/11/2012

Benoît Hamon en "stage socialiste" à Caracas

En ce moment, se tient à Caracas une réunion de la "Commission de haut niveau Venezuela-France". La France est représentée par le ministre Benoît Hamon. Il s'agit de la première visite officielle d'un ministre après l'élection de François Hollande. Selon Caracas, cette réunion a pour but d'approfondir la coopération entre les deux pays. Par exemple, la SNCF participe à la modernisation du Métro de Caracas.

Est prévue la signature d'une convention pour la production d'énergie électrique, et la révision des accords souscrits pour que la France participe au développement la zone pétrolière de l'Orénoque. Il sera également question d'économie solidaire, de coopération scientifique et technique, universitaire... De son côté, Renault envisage d'installer au Venezuela une usine d'assemblage de voitures.

Le Venezuela est attaché à diversifier ses relations extérieures et ses échanges avec tous les pays qui respectent sa souveraineté. Puisse la France être à la hauteur des attentes.