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26/07/2012

Chroniques venezueliennes María la rouge

María la rouge, Chávez et la "boli-bourgeoisie".

  Au Venezuela bolivarien, lorsque l'on est chaviste, on affiche la couleur dans la rue. Chemise ou tee-shirt rouge, casquette rouge.

María Barcos est militante du PSUV du secteur Sabana Larga, Municipe Papelón. La trentraine énergique et pétillante, cette pasionaria a le verbe haut, passionné et surtout critique. Les militants qui l'entourent ne sont pas à proprement parler des féministes...

"Pionnière" du parti dans la région en 2007, adoubée par le Comandante, elle s'investit dans un travail politique de fond: de porte en porte, toujours prête, selon Juan José, à mobiliser pour aider les communautés, les fournir en médicaments, ampoules électriques, distribuer des tracts. Tout le contraire d'une bureaucrate ou d'un "boli-bourgeois". Elle n'en finit pas de pester contre eux, contre les opportunistes, et cette bourgeoisie chaviste infiltrée dans l'appareil pour freiner la révolution, sauvegarder ses intérêts. Elle est furieuse, parce que dans son secteur, les "chefs" ont décidé des propositions de candidatures à la députation sans consulter les militants.

La parole de cette base chaviste n'épargne pas les gouverneurs, les maires ou les députés "que no cumplen" (qui ne font pas leur boulot). C'est que le parti est jeune, nombreux (plus de 6 millions de membres) et relève pour l'instant plus d'un mouvement hétérogène que d'un vrai parti. S'y mèlent d'anciens "adecos" (sociaux-démocrates), d'ex-guerrilleros, des dizaines de milliers de nouveaux adhérents aux motivations plurielles: patriotiques, anti-impérialistes, affectives, attachement au président, et soif, pour beaucoup, d'une société nouvelle que le président appelle depuis 2005, "socialisme du XXIe siècle".

María assure la coordination du "Pôle patriotique", rassemblement large, qui soutient la révolution et la candidature du président. Le Parti communiste du Venezuela appartient à ce pôle ainsi qu'une dizaine de petits partis de gauche. Les ex-ultra gauche de "Bandera roja" ont rejoint l'opposition.

María voue à Chávez une affection et une confiance totale, "il ne peut pas mourir". Et d'ailleurs, María Lionza, la sainte indienne de l'Etat du Yaracury, fait des miracles pour lui. María veut aller jusqu'au socialisme, et n'a pas peur du communisme. A voir Chávez à la télevision, on a du mal à s'imaginer qu'il est un convalescent: il reçoit des délégations, argentine, le lendemain brésilienne, parle et explique à n'en plus finir, avec une énergie surprenante. Il ne ménage pas le "candidat de la bourgeoisie" qu'il a baptisé de l'expression populaire qui fait florès, le "majunche" (l'insignifiant), et c'est vrai, comme dit Chávez, et pour reprendre l'expression de Camus (ou Saint-Ex?), "il ne fait pas bouger d'air lorsqu'il se déplace".

Dans la petite "posada" (pension de village), l'orage de la nuit a provoqué "apagón" (coupure de lumière) et coupure de l'eau.

5h du matin, départ pour un nouvel Etat. Confirmation des vertus du déodorant.

 

Jean Ortiz

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