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31/07/2012

Etudiants en révolution

Etudiants en révolution.

La révolution a pris à bras le corps la question universitaire (formation initiale et continue), pour en faire une priorité nationale. Simon Bolívar disait: "un être inculte n'est pas complet". Le chavisme a d'abord multiplié les "missions" (politique d'urgence, qui tend à devenir une politique tout court) et engagé une démocratisation indéniable de l'enseignement supérieur. Selon Andrés Pérez, universitaire et syndicaliste de la centrale bolivarienne, "la démocratisation se heurte encore aux vieilles structures, aux mentalités d'ancien régime (la Quatrième république), et à la résistance de l'opposition forte à l'UCV, Université Centrale du Venezuela, université principale, avec 52 000 étudiants, comme à l'Université Simón Bolívar".

Les étudiants de ces universités gratuites publiques sont encore majoritairement d'origine bourgeoise et petite-bourgeoise. Ils considèrent le chavisme comme une idéologie totalitaire, qui veut laver les cerveaux... plutôt lents dans ces couches.

Nous avons rencontré Ana Acevedo, étudiante en Licence d'antropologie à l'UCV: "Le recrutement social tend aujourd'hui à s'élargir, et l'origine sociale à devenir plus populaire". L'université publique, selon elle, reste dans l'ensemble dénuée d'esprit critique, et figée sur des programmes cinquantenaires. Ana dispose d'une bourse suffisante pour vivre.

Afin d'optimiser la démocratisation, le gouvernement a ouvert des universités bolivariennes, décentralisées, revendiquant des contenus et un enseignement novateurs. Elles ont fait exploser les inscriptions (augmentation de 300%), et le nombre d'étudiants, de 18 ans à 90 ans, est impressionnant. Pour les "escuálidos" (on appelle ainsi les membres de l'opposition: "les trois fois rien"), Chavez embrigade le pays. La campagne d'alphabétisation en a quasiment fini avec l'analphabétisme. Un premier bilan du fonctionnement de l'UBV (Université Bolivarienne du Venezuela) permet de confirmer la formation d'esprits critiques, une massification irrécusable, mais qui nécessite encore des efforts qualitatifs. Selon Ana, "les jeunes diplômés n'ont pas de problème de chômage et trouvent rapidement du travail". Sortir de l'UBV donne un débouché quasi certain.

L'apport le plus important de ces révolutions éducatives, culturelles, après avoir longuement discuté avec des collègues, nous paraît être la "déyanquisation" des esprits, la réappropriation d'une histoire, l'estime de soi, la fierté recouvrée pour un ancrage national, pour un processus patriotique. Ici, ce mot n'a aucune connotation négative; le processus est inédit, endogène, et ne ressemble à aucun modèle existant ou ayant existé.

Jean Ortiz

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