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31/03/2014

Au front camarades!

Au front camarades!

 

 

 

Ce n'est pas une claque, c'est un lynchage, une humiliation, une rouste magistrale, un uppercut de la gauche, un désaveu sans appel. François Hollande, qui se voulait "Normal premier" au point de faire concurrence aux livreurs de pizzas en motocyclette, celui qui déclarait la guerre à la finance, est ce soir tout nu, "en pelotas", et son ralliement joyeux, toute honte bue, au néolibéralisme : vomi par le peuple de gauche. La sanction est désespérante. Les travailleurs n'aiment pas ceux qu'ils considèrent comme des repentis, et les apostats finissent toujours dans les trous noirs de l'histoire. Le vote de ce soir est d'abord un carton rouge au bilan du hollandisme. Il n'est pas une adhésion tsunamique aux droites, mais un naufrage des espoirs soulevés par des promesses finalement non tenues.

 

Les trahisons aux valeurs de gauche, aux marqueurs de classe, aux intérêts du plus grand nombre, aux besoins des plus faibles, des plus démunis, des exploités, se payent cash tôt ou tard. A force de faire un indécent bisou-bisou permanent avec le patronat, de se vautrer avec le Medef, de ramper devant Mme Merkel, de mépriser les syndicats, d'avilir notre pays, d'en faire une serpillère "transatlantique", de prendre aux pauvres pour donner aux riches, on n'a plus rien de socialiste ni même de social-démocrate. On devient une sorte de nouvelle droite et les gens préfèrent toujours l'original à la pale copie du transfuge.

 

Tout cela serait méprisable si l'adversaire de classe n'en profitait pas pour s'emparer de centaines de municipalités, pour faire main basse sur leur potentiel, pour balayer des années de " bouclier social ", de gestion démocratique et populaire, même dans un contexte de plus en plus difficile.

 

Tout cela serait méprisable, si ceux qui allaient trinquer étaient les barons, les notables, les " élites socialistes ", les cumulards, les qui-relèvent-de-l'impôt-sur-les-grandes-fortunes...

 

Non, non, ceux-là continueront à s'empiffrer, à grossir leur portefeuille, à se repaître des désastres sociaux, qu'ils ont eux-mêmes provoqués.

 

Non, non, ceux qui vont trinquer encore plus, serrer la ceinture, pleurer les fins de mois, sacrifier leur santé, l'avenir de leurs enfants, ce sont les ouvriers, les fonctionnaires, les retraités, les chômeurs, les précaires, les travailleuses, les petits paysans, les intermittents, "ceux d'en bas"...

 

Rien que pour cela, ces " socialistes "-là, qui enterrent Jaurés, Allende, Negrin..., exigent d'être combattus et dénoncés comme il se doit. Ils ne connaissent que le rapport de forces, et n'avancent que lorsque le peuple les bouscule. L'heure est au déploiement et à la structuration d'un vrai Front de Gauche, socialo-indépendant, sur des principes et des valeurs de classe, avec un objectif clair : aller vers une société nouvelle anticapitaliste, que nous sommes nombreux à appeler " le socialisme du XXIe siècle ". Cela n'est nullement contradictoire avec la nécessité d'un parti communiste cohérent, fort, combattif, créatif, unitaire... Le peuple et la perspective socialiste en ont plus que jamais besoin.

 

Face au champ de ruines de ce dimanche, il n'y a plus de temps à perdre. Il n'y a pas de " plan B ", et il nous reste peu de cartouches. Le pire est devant nous si nous ne sommes pas capables d'affronter les défis à venir, notamment les Européennes, autrement que les municipales.

 

Ce n'est pas qu' Hollande n'a rien compris :  il décline consciencieusement le programme du Medef, la politique de l'Union européenne, de la "troïka", avec conviction et sans scrupules. Et qu'importe quel sera le prochain premier ministre. Qu'il soit chasseur de Roms ou plus ratoureux, après avoir touché le fond, il ne touchera pas au fond.

 

La reconquête commence dès maintenant.

 

 

 

Jean Ortiz,

universitaire communiste

17/03/2014

espagne : marches de la dignité

 

http://www.humanite.fr/monde/une-marche-geante-va-prendre...

15/03/2014

Une marche géante va "prendre Madrid" le 22 mars

Une marche géante va "prendre Madrid" le 22 mars

 

 Depuis des mois  se prépare dans toute l'Espagne la "Marche de la dignité". En colonnes venues de toutes les latitudes de la Péninsule, le 22 mars, elle, elles, vont "envahir" Madrid. Sur toutes les routes, des marcheurs sont déjà à l'effort depuis des jours, vers la capitale. En ruisseaux humains qui vont devenir des flots, des vagues, à l'approche du 22 mars... Et c'est dur. Cela nécessite une logistique solidaire lourde. Des milliers d'autres viendront en bus. Une multitude de chômeurs (six millions en Espagne), de "sans terre" (alors que de grands "cortijos" de 30.000 hectares monopolisent la terre en Andalousie), de précaires, de victimes des expulsions  locatives, comptent camper à Madrid et y rester.
Il peut y avoir un avant et un après le 22 mars.  Plus d'un million de "marcheurs" sont attendus. Au départ, l'idée a été lancée par le Syndicat andalou des travailleurs, de Diego Cañamero, le "Front civique-Nous sommes la majorité" de l'ex secrétaire général du PCE Julio Anguita et les "Campements dignité d'Extrémadure".

Le manifeste et les revendications "aglutinantes" ont permis que nationalement les marches soient soutenues par Izquierda Unida, la CGT, la CNT-AIT, de nombreux collectifs de lutte, et localement par une constellation d' "assemblées populaires", une multitude de mouvements sociaux, les "marées" vertes des enseignants, blanches des personnels de la santé, contre les privatisations, rouges des travailleurs licenciés de la multinationale Coca Cola, des comités larges regroupant les différentes colères, le PCE, les "plateformes" contre les dizaines de milliers d'expulsions consécutives à l'explosion de la "bulle spéculative immobilière" (86.000 familles andalouses ont ainsi été expulsées de leurs maisons et appartements par les banques), Attac, les collectifs 15M ou issus du 15 M, la Gauche anticapitaliste, les associations de quartier, de voisins, les organisations  citoyennes...
Les deux grands syndicats UGT et CCOO se sont jusqu'à présent tenus à l'écart du mouvement, nationalement, mais l'unité syndicale s'est matérialisée au Pays basque, en Galice, à Valencia, à Murcie, en Andalousie... et l'ensemble des syndicats de salariés de ces régions convergent déjà ensemble vers Madrid.

Pour les colonnes de "marcheurs", il s'agit d'engager un bras de fer frontal, dans la durée, avec le gouvernement et les différents pouvoirs qui se sont succédés, "au service du capitalisme et de la Troïka". Cette journée de rébellion démocratique, de "désobéissance", pacifiques,  devrait constituer la plus grande levée populaire de l'après franquisme, et pourrait marquer la naissance, selon ses organisateurs, "d'un mouvement nouveau", d'une "unité sociale en marche", d'un "15M ouvrier"... "Nous ne voulons que, comme d'habitude, nos actions restent sans lendemain", a déclaré Julio Anguita.

Joint par "Humanité.fr", Diego Cañamero Valle se félicite de ce qui "enfin bouge", des efforts unitaires pour entraîner "la gauche qui traîne les pieds". Diego, sous la menace d'une peine de prison pour "occupation illégale de terres", nous répond avec passion, comme il galvanise les siens,  et tous les autres "qu'il faut gagner"

"Qu'ils s'en aillent ces gouvernements-parasites, ces dirigeants corrompus, qu'ils soient jugés et emprisonnés, tout comme les banquiers sangsues et ripoux" ajoute Diego. "Ils ne nous représentent pas, cette caste d'intouchables. Ils considèrent normal de "robar" (voler). Les Espagnols n'ont pas voté pour cela"(...) "L'économie ne leur appartient pas. La démocratie, lorsque les gens ont faim, n'est qu'un simulacre (...) "Le silence du peuple me fait peur... Il est temps de se réveiller, de se mettre à marcher, de "prendre" les rues, les places... La dignité avant tout; elle est inaliénable. Répandons la dignité (...) Ils peuvent tout nous prendre mais pas la dignité".
Le manifeste de la Marche appelle à construire "le pouvoir du peuple".

Les revendications se veulent fédératrices:

non au paiement de la dette (l'Espagne rembourse quotidiennement 105 millions d'euros au titre de paiement des intérêts de la dette)

non aux "recortes" (amputations) sociaux et publics

un emploi digne et un toit pour tous

pour un revenu " de base", qui permette de vivre

 

Depuis des mois, l'Espagne populaire résiste, manifeste, crie, souffre... Si les milliers de petits ruisseaux commencent enfin à converger et à s'unir, un avenir nouveau peut poindre le 22 mars.

Jean Ortiz