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25/06/2012

Sujet du Bac ou propagande?

SUJET DE BAC OU PROPAGANDE ?

 Le sujet d'espagnol Langue Vivante 1 pour les candidats au Baccalauréat
des sections S et ES, 2012, relève de la basse propagande et non de la pensée
 critique, du questionnement et de l'analyse ouvertes, nécessaires...
 Les impétrants doivent étudier un torchon tellement anti-cubain
 qu'il en est ridicule pour qui connaît, mais qui bourrera le crâne, lobotomisera
 ceux qui doivent prétendument y "réfléchir"... Peut-on réfléchir sur un tract
 du Front National? Les réalités cubaines sont si complexes, si évolutives,
qu'elles peuvent et doivent se prêter à approches plurielles, à confrontations
 fondées,  contextualisées... Bienvenus le doute, la critique,
la démarche rigoureuse,  sourcée, bienvenue l'approche scientifique,
en empathie ou hostile...
Mais pas le torchon. Les candidats auraient pu réfléchir
 sur des auteurs cubains critiques ou "révolutionnaires", talentueux,
dont il restera la qualité de l'écriture et souvent du questionnement:
Reynaldo Arenas, par exemple, violent, mais grand écrivain,
 pamphlétaire , mais "con arte",
sans parler du foisonnement passé et actuel de romanciers et poètes cubains
de qualité: les maîtres: Alejo Carpentier, Nicolas Guillen, Cabrera Infante,
Lezama Lima...
 et les générations d'aujourd'hui: Miguel Barnet, Leonardo Padura ,
qui mériterait d'être "nobélisable" un jour,
Anton Arrufat, Nancy Morejon, Abilio Estévez, Ena Lucia Portela,
Reinaldo Montero, Julio Travieso, Alexis Diaz Pimienta...
Aucun n'avait ni n'a le doigt sur la coûture du pantalon... Mais aller chercher
un médiocre auteur espagnol, en visite touristique dans l'enfer dictatorial
cubain,  où "Le muchacho de Camagüey" (titre du texte), crèverait
de faim et terminerait  en prison, cela relève de la crapulerie intellectuelle,
de la guerre idéologique,  du cliché politicien usé, de la pensée unique...
Cuba n'est ni le "paradis socialiste",  ni le "goulag tropical". Mais son peuple,
 sa révolution, ses acquis, ses erreurs,
 ses manques, et son histoire le luttes pour l'indépendance, la dignité,
la souveraineté, la justice sociale, méritent une vraie réflexion,
pas du vomi, sassé et ressassé par les plupart des médias-mensonges
 et malheureusement la plupart des intellectuels et enseignants français,
 "aux ordres", parfois même sans s'en rendre compte. Ce n'est pas à Cuba mais
 en France qu'un peuple a rejeté par référendum un traité constitutionnel
 qu'on lui a finalement imposé. Ce n'est pas à Cuba que la liberté médiatique
 relève  de marchands d'armes, de canons, d'avions de combat,
de milliardaires du bâtiment et des travaux publics...
Ce n'est pas à Cuba que l'on chasse le Gitan, le sans-papiers, l'immigré,
 que l'on brime le syndicaliste, l'universitaire trop critique... C'est l'Espagne
 de l'auteur du torchon, Luisgé Martin, qui possède le seul parc
 thématique fasciste  au monde: le Valle de los Caidos, où est enterré
 le dictateur Franco  (domaine et mausolée franquistes entretenus
 aux frais des contribuables).
L'auteur, ou les auteurs du choix de ce sujet poubelle, devraient avoir
le courage  de nous expliquer ce qui a motivé un choix
si caricatural, mensonger, dénigrant,
si peu conforme à la réalité cubaine,
 si contraire à notre esprit de la Renaissance,
des Lumières, des philosophes, de la Révolution française...,
de notre "école laïque et républicaine".
Oui au pluralisme, à l'approche critique, plurielle... non à l'embrigadement ,
 à la propagande "libérale" au sein du service public d'Education Nationale.

Jean Ortiz Universitaire Cubaniste

Commentaires

Le scandale du sujet de bac LV1 L/ES/S espagnol est en train de commencer à faire grand bruit parmi les profs d'espagnol qui ont à coeur de donner à leurs élèves une vision plus nuancée ainsi que dans les milieux de la solidarité avec l'Amérique Latine et les connaisseurs de Cuba.
Comme je fais partie de ceux qui ont soulevé le lièvre sur des listes de diffusion pédagogiques, syndicales et associatives, je suis en train de recevoir des messages de nombreux collègues qui pensent comme moi qu'une réaction collective est nécessaire pour dénoncer le choix d'un sujet qui relève de la propagande la plus réactionnaire et la moins informée et en aucun cas de la volonté de faire réfléchir les élèves.

Depuis 2 jours, je ne décolère pas en corrigeant mes copies de bac LV1 où les candidats sont conduits, par un texte des plus tendancieux et des questions téléguidées, à présenter Cuba comme un pays misérable où on laisse mourir de faim les modestes travailleurs et comme un état policier où des policiers pervers montent des pièges infâmes pour réprimer les malheureux qui auraient l'outrecuidance de critiquer la Révolution, sans aucune allusion bien sûr au blocus économique US ni aux mesures sociales permettant d'assurer le minimum vital à tout le monde.

Un texte complètement caricatural, d'un médiocre auteur espagnol que je ne connais pas et qui n'a sans doute jamais mis les pieds à Cuba.
Et des questions de compréhension et d'expression qui en rajoutent dans la vision la plus conforme à tous les poncifs dominants sur le système politique cubain et la vie quotidienne dans l'île....

Les consignes de correction qu'on nous demande d'appliquer, témoignent de la même volonté de donner de Cuba une image conforme à la propagande la plus outrancière et en aucun cas de la nécessaire réflexion nuancée que nécessite une réalité autrement plus riche et complexe.

C'est d'autant plus scandaleux qu'on notera au bac des élèves sur un texte à forte connotation idéologique (dominante) et qu'un candidat exprimant une opinion mieux informée et d'autres connaissances sur Cuba pourrait se voir pénalisé par le sujet.

Sois sûr que notre hiérarchie, qui a autorisé le choix d'un tel sujet, sera informée de notre indignation.
Cathy Ferré professeur d'espagnol, présidente de France Amérique Latine Marseille, membre du bureau national de France Amérique Latine.

Écrit par : Catherine Ferré | 25/06/2012

Cathy, merci.
Je ne suis pas enseignante et c'est en partie à cause de ce genre de textes (je ne connais pas le contenu du sujet du bac, malheureusement, ou pas!) et de l'orientation qu'on leur donne que j'ai renoncé à enseigner.
De tout temps les textes et les images qui peuplent les manuels d'espagnol, ont été médiocres, caricaturaux que ce soit en collège, lycée ou même en fac.
A moins de "tomber" sur un enseignant plus avisé, plus critique, qui amène les élèves vers une réelle réflexion, vers l'esprit critique et l'analyse nécessaire, ces mêmes élèves se construiront dans le moule préformé et feront des citoyens "moutons" qui s'engouffreront dans l'opinion générale et dominante sans jamais se poser les vraies questions.
Il faut donc réagir, je compte sur vous.

Écrit par : clavelito | 26/06/2012

Le texte et les questions du sujet de LV1 (L/ES/S) sont là :
http://www.cafepedagogique.net/Documents/bac2012/ES_S_Espagnol-LV1_2012.pdf
ou là avec en plus un corrigé: http://www.letudiant.fr/examen/baccalaureat/bac-s/corriges-et-sujets-du-bac-s/corrige-du-bac-s-le-sujet-de-lv1-espagnol.html
En L, c'est la même chose avec une traduction un peu plus longue.

Je viens d'ailleurs de trouver ce message très pertinent d'un élève dans les commentaires sur le site internet l'Etudiant:
" personne n'a été choqué par le fait que ce texte nous poussait à dire que Cuba était une horrible dictature alors que les référentiels nationaux indiquent que les sujets ne doivent pas être partisans?"

Les protestations commencent à remonter. Nous sommes plusieurs à nous y employer.

Écrit par : Catherine Ferré | 26/06/2012

Ay! Le corrigé du lien que tu as donné est pathétique. Mais je suis contente de savoir que certains candidats sont lucides et pas totalement dupes.
Et dire que certains de ces bacheliers vont s'orienter vers une fac d'espagnol, maigre bagages!!

Écrit par : clavelito | 26/06/2012

Voir la déclaration de l'association France Amérique Latine:
Un sujet de bac qui équivaut à un réquisitoire contre le système cubain.

http://www.franceameriquelatine.org/spip.php?article757

Écrit par : Catherine Ferré | 29/06/2012

A Clavelito :
Vous dites : "De tout temps les textes et les images qui peuplent les manuels d'espagnol, ont été médiocres, caricaturaux que ce soit en collège, lycée ou même en fac."

Moi qui enseigne en lycée depuis bientôt trente ans, je m'inscris en faux. Certes, tous les manuels ne se valent pas, mais comme nous avons pour principe de ne travailler que sur des textes authentiques (c'est à dire écrits par des écrivains, journalistes, blogueurs etc et non pas fabriqués exprès pour la leçon), les élèves ont accès à des extraits d'œuvres extrêmement variées d'auteurs espagnols et latinoaméricains. Mettriez-vous en doute la valeur des écrits de Luis Sepúlveda, Eduardo Galeano, Isabel Allende, Almudena Grandes, Arturo Pérez-Reverte, José Agustín Goytisolo, Dulce Chacón... ¿ y me quedo corta ? Nos élèves ont également accès à des oeuvres d'art de Diego Rivera, Frida Kahlo, Murillo, Velázquez, Picasso, Miró, Dalí... et à des extraits de films : Diario de motocicleta, las trece rosas, también la lluvia y un largo etc.
Votre vision de l'enseignement de l'espagnol en France est aussi caricaturale que celle de l'auteur du sujet de bac LV1 de cette année l'est sur Cuba. Et ce n'est pas peu dire !

Écrit par : Vercez Brigitte | 01/07/2012

Je salue la réaction saine de l'association mais assez étonnée de celle-ci puisque les manuels ont connu un tournant qui date de quelques années déjà sur la vision de Cuba,avant on étudiait A.Carpentier et M.Barnet aujourd'hui c'est Zoé Valdés,ce sujet est une simple conséquence de la dérive opérée depuis quelques temps.Ce n'en est pas moins excusable bien sûr mais le pli semble pris et même accentué avec la réforme.Nous sommes tous consternés mais démunis;et affirmer que l'analphabétisme n'existe pas à Cuba devient presque subversif au vu des textes à forte dominante libérale qui s'imposent dans les programmes .

Écrit par : rose-marie gaillard | 01/07/2012

La grande majorité des manuels scolaires d'espagnol, et même ceux de qualité (et il y en a d'excellents, comme le souligne Brigitte dans un message ci dessus), a une déplorable tendance à ne présenter qu'une vision très négative de Cuba: on peut encore trouver quelques manuels avec par exemple le poème Tengo de Guillén, mais de façon générale ce sont les textes de Zoé Valdés et autres messages de la blogueuse Yoani Sánchez qui ont la part belle. (idem d'ailleurs de plus en plus en ce qui concerne la présentation du Venezuela, conforme à la déformation médiatique dominante). Mais les enseignants ont le choix de travailler (ou non car rien n'est obligatoire) sur Cuba avec leurs élèves en leur présentant des documents de leurs choix en dehors des manuels, s'ils le souhaitent afin de leur permettre d'avoir accès à une vision plus nuancée et mieux renseignée. L'un des problèmes avec ce sujet de bac, c'est que les élèves qui auront composé sur ce texte, quitteront le système scolaire avec en tête cette image caricaturale de Cuba- qu'on leur enfonce bien dans le crane et par le document et par le questionnement qui l'accompagne- et que, après, plus aucun prof scrupuleux ne pourra transformer, grâce à un éclairage plus nuancé, cette image conforme à l'idéologie néo-libérale que le candidat au bac est poussé à développer lui-même dans ses copies. Ayant le douloureux privilège de corriger ce sujet, c'est bien entendu ce que je lis dans toutes les copies et comment en vouloir aux élèves qui font exactement ce qu'on leur demande de faire?

Écrit par : Catherine Ferré | 01/07/2012

Après avoir pris connaissance du sujet du Bac, une amie de La Havane, professeur de Lettres et spécialiste de Victor Hugo a réagi ainsi:
"Este texto habla por sí mismo, los turistas tenían que ser colombianos y el protagonista cubano. Es exactamente así que la Europa imperial y soberbia quiere que nos veamos. Y así se ven a sí mismos muchos de acá con el cerebro colonizado todavía.
Si entre las asignaturas impartidas en la escuela cubana se pusiera un texto sobre vida de algún inmigrante africano en los suburbios de París, o sobre la trata de blancas del Este en las capitales europeas, nos harían un juicio en la Haya por difamar países extranjeros. Es triste , porque la inteligencia europea, en vez de pensar en nosotros debiera debatir y pensar sobre ella misma!!"

Écrit par : Annie et Claudine Chalmeton | 03/07/2012

Tourisme en Colombie...
http://www.youtube.com/watch?v=2X2j2UOMTwc&feature=player_detailpage

Écrit par : Carmiña | 09/07/2012

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