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14/08/2012

Chronique vénézuélienne

 

Chavez, Assad, ... même combat?

 

 

Nous sommes allés au Venezuela, ni en mission, ni sur commande idéologique, sans fil à la patte. Seulement pour voir, comprendre, évaluer, le fonctionnement et les premiers éléments de bilan d'une révolution chaviste, qui s'invente et se régénère au jour le jour.

 

Nous l'avons fait le plus honnêtement possible, et en empathie, oui, en empathie, nous l'assumons, avec ce processus d'émancipation, dont les enjeux dépassent l'Amérique latine.

 

Si les devoirs d'information, de solidarité, nous apparaissent indispensables, y compris pour nos propres luttes, ils n'impliquent nullement l'inconditionnalité ni l'aveuglement. Mais de grâce, ne nous érigeons pas en donneurs de leçon. Respectons les échelles, et bannissons tout réflexe euro centré.

 

Telle ou telle critique, notamment sur la politique extérieure de Chavez, n'invalide en rien la profondeur du processus historique en marche. Ne passons pas à côté de ce qui avance, de ce qui se joue en Amérique latine. Nous avons beaucoup questionné, à propos de la politique extérieure du Venezuela. Nous reproduisons ce qui nous été répondu; cela n'implique nullement que nous partagions tous ces points de vue.

 

A Caracas, on considère que la politique extérieure du pays est guidée par l'anti-impérialisme, et l'anti-interventionnisme, le respect de la souveraineté des pays. Elle vise à marquer l'indépendance du pays et de tout le continent. "Nous nous en tenons à des principes, sans ignorer la nature de tel ou tel régime". On nous rappelle le deuxième Sommet Afrique-Amérique latine, du 26 septembre 2009, qui s'est tenu à Caracas, avec 20 chefs d'Etats africains et 8 latino-américains. Lula était présent, et a joué un rôle de premier plan. Le Sommet avait proposé que la prochaine initiative se tienne à Tripoli. Il s'agissait de renforcer la coopération sud-sud, pour promouvoir le développement, le combat contre la pauvreté... Chavez et Lula évoquèrent la possibilité d'ouvrir une Banque du sud comme alternative au FMI et à la Banque mondiale, d'élargir Petrosur... Il s'agit bien donc d'une position latino-américaine, même si Chavez est le plus en flèche sur ces questions, on retrouve les mêmes préoccupations chez les gouvernements argentin, brésilien, bolivien, équatorien...

 

On nous fait remarquer que c'est le président Sarkozy qui a reçu Kadhafi et Assad. La position latino-américaine nous est expliquée comme une volonté de souveraineté et d'indépendance actives, au-delà de la nature de tel ou tel régime. "Chavez", poursuit un fonctionnaire, "ne s'est pas prononcé sur la nature du régime syrien; nous considérons qu'il y a aujourd'hui intervention extérieure contre la Syrie".

 

On nous rappelle aussi que sur "l'affaire de l'Iran", lorsque le Brésil avait proposé sa médiation, on l'avait "envoyé bouler".

 

Ces positionnements, qui peuvent paraître contestables, sont inspirés également par une cohérence, une vision de géopolitique pétrolière progressiste, afin de mettre le pétrole au service des peuples et non des multinationales et de Washington. Le Venezuela insiste également sur la nécessité d'une stratégie sud-sud visant à la consolidation d'un monde multipolaire.

 

Tel est le "son de cloche" du Venezuela. Pourquoi refuser de l'entendre? Nous savons depuis longtemps que la neutralité, l'objectivité, n'existent pas. Il y a seulement des points de vue. Confrontons-les, sans caricature, au-delà du tintamarre médiatique dominant.

 

Nous avons sur place exprimé nos réserves sur tel ou tel point, lorsque nous en avions. Mais en nous gardant de toute intromission. "¿Quiénes somos para aleccionar al mundo"?

 

 

 

 

 

Jean Ortiz

 

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