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29/12/2013

L'hiver à Pau

 

L'hiver à Pau

 

Jésus, "fils de Dieu" de la "consommation" ?

 

 

Peut-on avoir foi en Jésus et mal au foie?  Les fêtes de Noël, fêtes chrétiennes de la Nativité,  me plongent chaque année dans une colère impuissante. L'abondance (en trompe-l'oeil), le gâchis,  les effets de mode, l'incitation à la consommation effrénée, la foire au superflu, au factice, au mauvais goût. Noël, cache misère de la crise.

 

Mais comment font-ils? Ils le dissimulent. La misère dite  "moderne" (quelle horreur!) ne se voit pas. On achète des cadeaux, quitte à se priver de viande pendant des semaines, mais on regarde le prix. On compte. On compte.


Ces jours-derniers ils étaient des milliers à se bousculer rue Serviez, et dans les temples de la périphérie: les enseignes Auclerc, Lechan,  Camouth,  Casima...Elles sont clonées. Elles écrasent les petits épiciers, les caissières, les syndicats, la législation du travail, les "consommateurs" (nouvelle horreur), se livrent à une concurrence non libre et faussée...Les slogans sonnent faux. Alors, les 8,5 millions de pauvres comparent les prix.

 

"Non, celui là il est trop cher..Voyons ailleurs...Attendons le 26, ils baissent les prix...Il n'est pas joli". Ils sont là, invisibles, les chômeurs les précaires, les pauvres; ils s'habillent proprement, comme toi et moi. Non ils ne sont pas insatiables comme le caquètent les médias. Ils ne vivent pas au-dessus des moyens...qu'ils n'ont pas. Ils font le lèche-rayons comme tout un(e) chacun(e), et ils s'enivrent de mirages, aliènent malgré eux leur conscience sociale, leur pensée; ou plutôt: ils la mettent en sommeil, entre colère et résignation.

 

Derrière "l'abondance" et ses mythes: les manques, les frustrations, les besoins de base non satisfaits. Les sacrifices. "Tu iras chez le dentiste lorsque nous aurons des sous". "Tu l'as déjà" "Pierrot te le prêtera". "Ce mois-ci on ne peut pas".

 

Des Pères Noël à la barbe marxienne vous saturent le regard; ils vous guettent, vous chosifient, vous marchandisent . Certains sont même plantés au beau milieu des fruits et légumes , des bûches, du pinard; ils vous aguichent , vous prostituent, ces bonhommes rouges. Noël. Cette festivité païenne devenue chrétienne (et vice-versa) annonçait jadis la renaissance du soleil. Un bonheur simple. Dehors, il pleut comme vache qui urine.
Jésus de Nazareth, devenu star sous le nom de "Christ", se fait chaque année davantage "fils de Dieu" de la marchandise. Or cet homme subversif, simple, partageux, crucifié à Jérusalem, mérite mieux.

 

Cette année, la mode Noël conso est (j'allais écrire: "à Ponce Pilate") aux codes secrets: "la 3D", "la 4G". Il manque le "15M". "Indignaos!". Les fils de pauvres n'ont que leur quatre yeux pour pleurer d'envie. Chacun à sa place."La 3D"...est-ce vraiment le progrès? Si oui (je ne le crois pas): "3D" pour tous !!


Dans mon quartier les guirlandes électriques se font de l'oeil, s'enguirlandent. C'est à qui aura la plus belle, la plus grande, la plus voyante, la plus colorée. La plus, la plus...Sans limites. Et la planète a les boules.
Jean Ortiz

26/12/2013

Le dentier de Saturne

Racheté par la République saturnienne, l'équipe du Front de Gauche vient de faire match nul 1-1 lors de la finale de la Coupe Pleine. L'équipe du Front de Gauche était opposée à sa rivale du Front de Gauche. Rapidement, à la deuxième minute, le FDG marqua un but splendide dans la lucarne droite du gardien du FDG.

Le FGD se ressaisit et parvint à égaliser en jouant collectif. S'en suivit un match de médiocre qualité, qui se termina par un résultat nul. Des deux côtés, 5 cartons rouges, et bronca du public. Saturne a chaussé son dentier.

 

Jean Ortiz

25/12/2013

Et surtout ... bonne année!

 

Vive le socialisme!

 

Pour 2014, j'ai décidé de ne pas vieillir,

de mourir lorsque je le déciderai,

de rendre obligatoire la graphologie,

de maudire tous les spécialistes en euphémismes,

en révisionnisme sémantique de conjoncture,

tous ceux qui lâchent avant même d'avoir tenu,

tous ceux qui s'autocensurent pour faire plaisir à,

tous les vilains croque-morts de mots.

Que sont les étoiles sans  révolutions

sinon des astres désespérément morts?

Qu'est la poésie sans douces-amères,

sans déplaire aux chasseurs d'espoir,

sans cultiver le mépris des saigneurs,

sans rêver au-delà du possible déjà,

sinon égotiste écriture automatique?

 

Pour 2014, j'ai décidé de suspendre le vent,

de l' empêcher de tourner autour des girouettes

à en perdre le sens du vent,

de me parfaire dans l'art de l'outrance et de l'excès,

de provoquer toutes les provocations,

d'égorger le gourou "consensus" et ses disciples,

de bannir l'archaïque "modernité libérale",

d'apprendre en communauté l'aymara intemporel,

de collectiviser mes rosiers orphelins,

de remplacer les si soumis dos-d'âne urbains

par les dos si nombreux des souples d'échine,

d'imposer à chacun le permis de révolte

comme unique conduite viagère.

 

Jean Ortiz