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30/11/2013

Jospin est mort à Clermont-Ferrand

 

Jospin est mort à Clermont-Ferrand

 

Je rentre de Clermont en Antarctique, jadis cœur du Massif Central.

Le train, et encore le train, toujours le train, toujours recommencé, avec entrain. Les années fatiguent le corps, pas la conscience politique voyageuse. Pour le corps: il y a les médicaments, pour la conscience: le vieux Marx.

 

Je vais à Clermont parler de "Rouges Vies". Toujours et encore cet égo démesuré qui m'a permis de faire la carrière que chacun sait. "Clermont-Clermont, terminus du train". Et alors, quoi de plus normal qu'un train s'arrête à son terminus?

 

De Pau à Clermont-Ferrand, en TGV-TER-INTERCITES, il n'y a désormais plus de transversales SNCF pestai-je  à un contrôleur: "ça tombe bien", me lança l'homme en gris, courroucé: "nous sommes en grève dans une semaine". Ah oui: la traditionnelle prise d'otages!! Souhaitons que Flamby Premier et son ministrami des Roms soient aussi durs envers les cheminots qu'ils ne l'ont été avec les casseurs de portiques bretons. Les cheminots ne possèdent pas des enseignes commerciales, n'élèvent pas des cochons industriellement, mais  pire: ils sont syndi-quais.

 

Vous m'avez coupé (190cm : 2 =  95cm) dans mon western clermontois. Je reprends donc...Pour aller de Pau à Clermont, il faut "monter à Paris", y changer de gare (Bercy, chez Pépé le Mosco) et "redescendre" à Clermont. Une journée de roulis. "L'Humanité" du jour annonce que très prochainement on pourra se rendre de Paris à Barcelone en six heures, par les miracles de la LGV. Quel progrès!! Toujours plus vite pour gagner du temps, et le temps... Sur les lignes LPV (l'essentiel du réseau),  laissées dans un semi abandon, le PDG ,Guillaume P., a instauré le "réalisme merveilleux" ferroviaire. Les problèmes, désormais familiers, de passages à niveau, de signalisation, de croisements, de bugs électriques, de cointes d'embrayage... font que les horaires deviennent élastiquement cubains.

 

Que vaut un système qui va de mégamétropole à gigamétropole en volant, et se fout du reste, du maillage territorial; qui se refuse à relocaliser (réouvrir) des voies en friche et pourtant nécessaires, donc rentables, si l'on arrête la course folle à la "croissance" , au "productivisme" sans limites, au profit les plus élevés possible, à l'enrichissement sans rivages d'une poignée de délinquants de haute volée, en costume-cravate? Des clous!

 

Le capitalisme est structurellement destructeur, néfaste, inamendable. Alors, pas de rustines. Il faut bouléguer tout le système, commencer à faire vivre d'autres logiques, d'autres valeurs, des radicalités concrètes, là où nous vivons, là où nous travaillons; œuvrer brique par brique à la naissance d'une société de la lenteur choisie, du vivre ensemble dans l'harmonie, l'égalité, la justice sociale, la solidarité, le partage, le collectif, la protection des éco-systèmes...Ce monde pourri, irrespirable, porte en lui (à nous de l'aider à accoucher) le fœtus du socialisme du 21ème siècle.

 

18h. Quai B. Vingt dieux: il fait froidure, mais pas de glace. La glace c'est à 20h30, dans l'amphi 2 de la fac des lettres, où l'université coupe le chauffage pour faire des économies. Comment parler de "Rouges vies" à 120 personnes qui ont érigé leurs vestes épaisses en igloos? L'orateur invoque tous ses saints: Chavez, Evo, Cañamero Valle, Che Guevara, la révolution, le socialisme, les étoiles, la dette et le président Correa, les "communes socialistes" et "le gouvernement de rue" du président Maduro, les "missions" bolivariennes, les inégalités et la pauvreté qui reculent au Venezuela, en Bolivie, en Equateur, la souveraineté reconquise, la socialisation des principales ressources naturelles,  la primauté du politique,  les contraintes et nouvelles "règles du jeu" imposées par un Etat fort aux multinationales étrangères du pétrole, du gaz... SI SE PUEDE COÑO!!  Oui on peut! Il y a des alternatives! Les transi(e)s se réchauffent.

A la sortie, une vingtaine d'amis restent pour continuer le dialogue dégelé et font la queue (institution égalitaire s'il en est) devant l'étal du petit libraire. C'est tout bon pour les droits d'hauteur! Ajouté au cachet versé: le militantisme enrichit son homme. Une fois l'effet du Doliprane accompli, Gilbert et Mado (plus de cent ans "de parti" à tous les deux) me ramènent à l'hôtel mille étoiles. Ces deux là vous font aimer la lutte sociale, l'espoir, l'idéal, la fraternité du combat révolutionnaire, vous redonnent courage, vous font croire en l'homme même les jours où...

 

Je leur rappelle une jospinade fort célèbre qui, jadis, confirma que les gouvernements socionéolibéraux sont bien les chargés d'affaires, les fondés de pouvoir du capital, des marchés financiers. En septembre 1999, alors qu'à Clermont le groupe Michelin licenciait 7500 travailleurs (ses bénéfices étaient à la hausse de 20%), ce brave Jospin (qué en paz descanse), confessait: l'Etat ne peut pas tout... Terrible aveu de résignation, de capitulation devant la loi d'airain des marchés, devant les scandaleux, immoraux, "licenciements boursiers"...

Au Venezuela, en Bolivie, en Equateur, à Cuba, peuples et gouvernants disent: "SI SE PUEDE!". "OUI ON PEUT!" . Il y faut du courage, de la volonté politique, de la détermination individuelle et collective. OUI: on peut inverser les choses, retourner l'omelette. Et pour faire une omelette, il en faut...

 

Jean Ortiz

24/11/2013

Pétition de solidarité avec les 54 ouvriers agricoles andalous du SAT

Madame, Monsieur,

En juillet 2012, à Osuna près de Séville, la "finca" de Las Turquillas, une base militaire du gouvernement Andalou laissée à l'abandon, a été occupée pacifiquement par Juan Manuel Sanchez Gordillo (député IU de la Junta de Andalucia et maire de Marinaleda), ainsi que par le SAT (Syndicat Andalou des Travailleurs), avec à sa tête son leader Diego Cañamero.

Malgré le témoignage de la défense qui a insisté sur le caractère pacifique de cette action, 54 personnes sont passées en jugement les 11 et 12 novembre dernier. De fortes amendes ainsi que des peines de prison ont été demandées à leur encontre. Le délibéré est en attente.

Plus que jamais, il est urgent de montrer notre solidarité aux 54 personnes inculpées.

Nous vous proposons de signer la pétition, initiée par une coordination nationale d'associations mémorielles  en cliquant sur le lien ci-dessous.

https://secure.avaaz.org/fr/petition/Junta_de_Andalucia_L...


23/11/2013

De Sète à Valparaiso

 

De Sète à Valparaiso

 

Le militantisme qui m'a trop souvent égratigné

pour être tombé d'dans depuis près de cinquante ans

me jette par un temps venté auprès d'un phare clair

tout près d'un outre-noir que j'arbore encor

pour soulager un temps des colères inguérissables.

 

Terminus cette fois chez les Ramos, Chemin du phare des pirates, à Sète.

 

Et dans le ventre d'une baleine. Selon Manuela, qui dévore un énorme plat de lasagnes, (spécialité étrangère), Sète viendrait du latin "cetus" : baleine. Sais-tu Manuela que cette étymologie m'indiffère. Sète est pour moi la ville que je traversais jadis en chantant la "supplique", plié en huit comme sardine en boîte, pour aller en fac à Monpel au volant d'une 4CV rétive.

Alors me retrouver à dormir à cinquante mètres derrière le phare, tout près de la maison de Pierre Soulages et du cimetière marin, tout près de Valéry et de notre Vilar, c'était l'antidote contre le sommeil, le prétexte pour passer la nuit à balayer le ciel , avec le phare au loin de l'Espiguette, et à guetter le retour -ou le départ- de quelques pêcheurs obstinés. La mer la nuit est d'un noir lumineux. Toujours Soulages, qui brille dans le noir comme on n'ose plus le voir.

 

Les Ramos perchent sur le Mont Saint-Clair, cet orgueilleux sommet méditerranéen, haut de... 185 mètres, et qui se prend tellement au sérieux qu'il en a chassé marins et travailleurs sétois. Les bourges, c'est eux, se sont emparés de ce lieu et y ont construit moult résidences de mauvais goût.

 

Jadis, les ouvriers du port, les pêcheurs,  possédaient ici des "baraquettes", comme à Nîmes les "masets", et se retrouvaient-entre hommes- le dimanche- autour d'une macaronade. Ils dominaient le port, la mer, l'étang... Ils étaient des centaines de dockers rouges, de cheminots, de marins, de pêcheurs, de rebelles... Sacrifiés depuis sur le mont, ni clair ni saint, du fric fou. Au loin, le Carigou et le Ventoux.

 

La plaisance a envahi port et canaux et les bateaux ne sont plus solidaires. En 1939, plusieurs partent de Sète vers le Mexique, chargés de Républicains espagnols, "indésirables" en France, désirés au Mexique du président Cardenas. Un quai en porte mémoire. C'est cette histoire belle et fière des premiers combattants antifascistes, les Républicains et révolutionnaires espagnols, que ne cesse de raconter l'association mémorielle ASEREF. Elle lui donne une nouvelle vie et en féconde les combats d'aujourd'hui. 

Ce vendredi, elle présentait au cinéma Comedia l'histoire du Winnipeg. Encore un bateau espoir, un cargo internationaliste. Et le pouvoir subversif de la poésie. Un poète "d'utilité sociale", qui fait chanter la traversée: Pablo Neruda. La salle est bien remplie. Emotion. Un exilé chilien de Valparaiso , ému par le documentaire, parle de luttes lointaines, de rêves toujours possibles. Un pêcheur à la voix de stentor, une figure locale, s'exprime sans micro mais avec ses tripes. Le coco a été maire, député, et repart au combat. François n'a jamais raté une de nos soirées sétoises. J'aime ici ce temps des camarades, encore vivant. Ici, le passé a de l'avenir.

De Sète à Valparaiso, l'utopie quotidienne, l'engagement militant, rapprochent les rivages.

 

Jean Ortiz