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24/06/2014

ESPAGNE: que faire du sujet Juan Carlos de Bourbon?

Le débat agite l'Espagne et la "classe politique" du bipartisme monarchique. Juan Carlos est redevenu un justiciable lambda. Alors... le néo-franquiste parti populaire propose de "aforarlo", de lui accorder des  "fueros" ("privilèges"), dont celui de l'impunité à vie. Le PP a déclaré: on le lui doit bien; nous avons envers lui une impayable dette de gratitude". Impayable!

Le PSOE, qui cherche à se positionner désormais un peu plus à gauche (il n'aura pas de mal) a répondu -et c'est nouveau-: "pas si vite!". Mais le PP a aux "cortes" (parlement) une majorité pour "blinder" le roi a lui tout seul. "Blinder" est le mot utilisé par le latifundium médiatique espagnol..

Le PP veut faire vite, tellement vite que "Izquierda Unida" s'inquiète: qu'a fait Monsieur Juan Carlos pour avoir besoin d'être "blindé" aussi rapidement?

S'agit-il de le protéger des tribunaux? Ou de protéger une espèce en danger imminent de disparition?

Les réseaux sociaux participent à la grande consultation  nationale: "que faire de JC?"

Les propositions qui reviennent le plus souvent sont:

1 Lui trouver un emploi de garde chasse dans un parc naturel africain

2 Consulter le dictionnaire; chercher à "Robespierre"

3 Le nommer chargé de mission à la protection des franquistes encore vivants, et autres pachydermes

4 Le juger pour trahison à la Deuxième République, au dernier référent vraiment démocratique

5 L'obliger à sortir à la rue en criant: "República!", "República!" (plagiat de la si belle: "si... supieran, la paliza que le vamos a dar, saldrían a la calle gritando...", ces paroles subversives posées par le peuple, dans les années 1930, sur l'hymne républicain de Riego)

 

Jean Ortiz

23/06/2014

PAU: une fête de la musique qui gaze

Pau a connu une fête de la musique arrosée. En ces temps d'austérité, un tel gaspillage de gaz lacrymogènes contre un bal, devrait interpeller le valseur de Matignon, lui qui hausse le menton et pète sec contre les nantis du CAC 40: cheminots, précaires, fonctionnaires, intermittents du spectacle, Roms...

Je savais depuis 1968 les CRS mélomanes et amateurs de percussions, au point de faire sonner les têtes de quelques festayres et militants fâchés avec l'heure. Lors de la "Fête de la musique" à Pau, plusieurs dizaines de CRS se sont rués aux cris de "et un, et deux, et trois" coups de triques et de "flash-balls", sur une centaine d'amateurs de rythmes métissés, réunis pour une célébration mythico-céleste.

L'ambiance était si bon enfant qu'ils n'ont pas vu que l'heure du couvre-feu était dépassée (une heure du matin; 19h45 à Béziers). Une heure du matin. Un peu chiche pour une fête de la zizique qui se respecte.

Sans sommations, une fanfare casquée et bottée arriva soudain au galop et distribua embrassades viriles et caresses de flash-balls, dans le climat lacrymal qui sied à une fête populaire, de surcroît organisée par un groupe "gauchiste" occitan. La dernière danse avant l'interruption fraternelle était une pavane pour une entreprise de pointe française bradée aux amerloques par un gouvernement "de gauche". Les danseurs célébraient le don altruiste, à l'étranger, de secteurs stratégiques vitaux pour un pays, en premier lieu l'énergie.

En entendant le mot "énergie", le sang des pandores ne fit qu'un tour, et ils entrèrent dans la danse, à contretemps et à contre-pied.

Le lieu de la fraternisation musclée, qui dura une heure et fit plusieurs blessés, s'appelle la "tour du bourreau"; les pandores auraient été, selon des riverains, à la hauteur de la toponymie. Quatre jeunes ont été arrêtés et doivent comparaître aujourd'hui. L'année prochaine, les organisateurs ont prévu un "Festival de Gaz", et prient les intermittents du spectacle de ne pas se comporter comme des Robotcops, et de danser sans gros sabots. La fraternisation de samedi soir contribue à rapprocher les "forces de l'ordre" du commun des mortels.

 

Jean Ortiz, universitaire

21/06/2014

A'liénor, mon amour d'un soir

 

Je rêvais d'une autoroute bien à moi, pour moi tout seul, et je sais gré aux élus socialistes et de droite d'Aquitaine, d'avoir exaucé mon rêve.

 

Hier soir, j'ai emprunté "la nouvelle autoroute" A65 de Pau à Langon, 150 kms pour le tarif modique de 23,20 euros l'aller... et autant le retour. La moins chère de France pour les automobilistes, celle qu'ils chérissent le moins. J'ai pu zigzaguer à mon aise, ne rencontrant qu'une dizaine d'intrus à moteur et des campeurs sur les bandes d'arrêt d'urgence Je n'aurais jamais cru que cela serait aussi jouissif que de fendre le vent avec ce sentiment aristo de solitude parfaite. Quand on a du blé, que l'on est fonctionnaire, le capitalisme a du bon. Il se fout du "public", mais il rend toujours service aux affaires.

 

 

 

Toutes les études préalables avaient démontré la non-rentabilité, l'irresponsabilité de ce projet  pharaonique: A65. Qu'importe! Ils la voulaient leur autoroute les "décideurs", rentable ou pas. Qu'importe! c'est toujours rentable que d'arroser le BTP . On a construit 160 « ouvrages d'art », dans la plus pure esthétique autoroutière et 15 viaducs, à faire pâlir d'envie ceux qui critiquent le coût des nouveaux stades brésiliens. On a creusé, bétonné, asphalté, pour 1,5 milliards, sans se soucier si cela répondait ou non aux besoins réels. Qu'importe! Cela répond aux besoins du lobby du BTP, donc du pays.

 

Inaugurée en décembre 2010, deux ans plus tard , la belle autoroutière concessionnaire, le consortium A'liénor, du nom de la duchesse d'Aquitaine,  a déjà déclaré pour 2012 un résultat net négatif de 35,1 millions d'euros. Une broutille. On dit que la cour d'Aliénor, devenue reine, était fastueuse. Aujourd'hui comme hier, on ne badine pas avec les fastes du capital, avec les GTSI (grands travaux socialement inutiles). Les élus du bipartisme consensuèrent, béarnisèrent, aquitainisèrent, en rond pour avoir enfin leur autoroute, et gagner 32 minutes entre Pau et Bordeaux, avec le bon vouloir des rocades. 32 minutes: toute une vie.
La belle A'liénor, détenue à 65% par le géant Eiffage, est concessionnaire pour 55 ans de ce grand corps ruineux.

 

Le trafic quotidien y est inférieur de 2000 véhicules aux prévisions, et le danger de faillite guette. Mais silence politique et médiatique à bord, comme au bon vieux temps du tunnel du Somport. Mensonge et opacité. Laissons la transparence aux miroirs. A'liénor pourra toujours actionner la clause scélérate dite "de déchéance" (amis de la poésie...) signée contractuellement et fort discrètement pour aliéner le contribuable, faire payer la dette à l'Etat, la région, le département, c'est-à-dire à moi et à toi.

 

Mais j'ai déjà payé 23,20 euros pour une croisière quasi solitaire de 150kms! Alors non, pas moi! Pour une fois que je me suis pris pour un bourge...M'aurais-tu trompé A'liénor?

 

 

 

Quant aux dégâts et atteintes irréparables à la biodiversité, adressez-vous à "Grenelle" si vous n'êtes pas contents. Bonne fille, A'liénor protège la nature après l'avoir balafrée. Elle applique, paraît-il scrupuleusement, les mesures compensatoires exigées pour respecter l'environnement.
Là, il ne faudrait pas nous prendre pour les derniers des ploucs!

 

A'liénor met en place des "corridors pour chauves-souris", si si, je ne blague pas, comme jadis les massacreurs de la vallée d'Aspe installèrent des passerelles pour les derniers ours béarnais, bien de chez nous. Le ridicule ne tue jamais les assoiffés de profits.

 

Après avoir détruit les habitats de 16 espèces menacées, comme les écrevisses à pattes blanches, le vison d'Europe et la loutre d'Europe, les prédateurs "réparent" quelques centaines d'hectares le long du trajet, soignent les écrevisses, cajolent les loutres, financent la chirurgie réparatoire. De fastueuses obsèques.

Jean Ortiz