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23/01/2012

La mémoire des Guérilleros espagnols en danger

 

Détournement et falsification de l'histoire et de la mémoire des Guérilleros espagnols.

 

 

 

Pau, le 23 janvier 2012

 

 

 

            Le bulletin de l'Amicale des Anciens Guérilleros Espagnols en France (FFI) est désormais utilisé par son directeur de la publication, Henri Farreny, pour régler des comptes personnels, historiques et politiciens, pour tenter d'imposer une "histoire authentique" (p. 5), la vraie, la bonne, la sienne.

 

            Le numéro 124 du 31 décembre 2011 est à ce sujet, une fois de plus, révélateur de l'entreprise d'usurpation et de division menée par H. Farreny. Il s'y érige en policier de la pensée, en juge inquisitorial, et part en guerre contre "l'incompétence" (p. 5), celle des autres. Au nom de quelle compétence ? De quelle légitimité ? Sur quels critères scientifiques ?

 

Après avoir félicité jadis l'historienne Geneviève Dreyfus-Armand, il la découvre soudain incompétente. L'inquisiteur, devenu anonyme pour la sale besogne, l'accuse de ne pas faire "autorité en matière de Résistance, ni française ni espagnole", et d'une attitude "bien peu conforme aux exigences de rigueur et de vérité du débat scientifique" (p. 5) Un tel réquisitoire, non étayé, relève des pires moments de l'histoire, d'une intention d'inféodation du travail des intellectuels... Le Torquemada distribue des bons et des mauvais points, au nom de "la vérité historique", une, figée et définie une fois pour toutes, et qu'il détient, évidemment, les autres se trompant...

 

            Plus loin, page 7, on fait dire à l'historienne espagnole Fernanda Romeu que le commandant Royo "fait partie de cette liste", des guérilleros assassinés sur ordre du Parti Communiste d'Espagne. J'ai relu l'ouvrage de F. Romeu: Más allá de la utopía: perfil histórico de la Agrupación Guerrillera de Levante (réed. 2002); à aucun moment elle n'écrit ni ne suggère que Royo aurait été liquidé sur ordre du PCE. Aucune hypothèse ne doit être écartée par la recherche, mais on ne peut attribuer à Mme Romeu des propos qu'elle ne tient pas. A travers cette falsification des propos de l'historienne, il s'agit, la suite le montre, de salir José Alonso, "commandant Robert". Les sous-entendus sont lourds. On peut lire ensuite: "Depuis des décennies, par ignorance, suivisme, intérêt ou vanité, d'aucuns ne valorisent qu'un seul nom: le chef d'Etat-major "Robert" qui était l'un des deux adjoints de Royo". "Robert", en conclut logiquement de lecteur, usurpe donc sa réputation de "chef".

 

Toujours au nom de "l'histoire authentique" (la formule fait froid dans le dos), pages 1 et 6, le bulletin part en guerre (suivez mon regard) contre "l'ignorance historique, la superficialité, le conformisme, la partialité et la suffisance", voire même un "négationnisme anti-guérillero" (p. 5). L'auteur n'ignore pas le sens et la connotation du mot "négationnisme". Son utilisation relève ici de l'insupportable.

 

            Le directeur de la publication voudrait sans doute les historiens à sa botte, leur dicter ce qu'il leur faut écrire et ne pas écrire, les concepts à utiliser (p. 4).

 

Derrière toute cette prose du ressentiment, on devine les a priori obsessionnels de sa trajectoire politique sinueuse.

 

            L'histoire des Guérilleros est patrimoine historique. Nul n'a le droit de se l'approprier au nom d'une prétendue "histoire officielle", d'une vérité confisquée. Nul n'a le droit d'aliéner la liberté de recherche des historiens, la complexité de leur travail, la confrontation indispensable des points de vue, des questionnements, l'exercice de la pensée critique. J'ai souvent depuis des années dénoncé les dangers du "révisionnisme" historique auquel nous sommes confrontés tous les jours. Il faut le combattre avec la plus grande énergie, mais sans se tromper de cible.

 

            H. Farreny cherche manifestement à dénigrer les historiens, les intellectuels, à les opposer (vieille ficelle usée mais toujours dangereuse) aux militants, au "peuple", aux associations mémorielles. Il sème la division, les affrontements nuisibles à la cause républicaine (colloque de Nérac, affaire de l'hommage à Azaña à Montauban, accusations infondées contre le PCF 31 lors de la pose d'une plaque à l'hôpital Joseph Ducuing...). Laissera-t-on cet usurpateur dévoyer longtemps encore l'histoire et la mémoire de nos Guérilleros?

 

 

 

Jean Ortiz

 

22/01/2012

Peut-on, doit-on parler de "guerre civile"?

Les historiens devraient-ils bannir de leur langage le terme de "guerre civile", à propos du conflit espagnol (1936-1939)? Pourquoi prononcer des injonctions de l'extérieur? Ne vaudrait-il pas mieux laisser les historiens, même s'ils n'ont pas le monopole de l'histoire, réfléchir, c'est leur travail, sur l'élaboration, l'actualisation, des concepts historiques? Le débat est toujours préférable à l'anathème.

Nombre d'historiens, parmi les plus progressistes et les plus reconnus, Tuñon de Lara, Pierre Vilar, Paul Preston, Angel Viñas, Josep Sanchez Cervello, etc., utilisent le terme de "guerre civile". Ils ont pourtant peu suspects de révisionnisme.

Si le travail de l'historien et celui des associations mémorielles sont complémentaires et peuvent s'enrichir mutuellement, reconnaissons à chacun sa spécificité.

En ce qui me concerne, je préfère utiliser le terme de "Guerre d'Espagne". Cependant, dans les régions où le coup d'Etat échoua face à la détermination des populations républicaines, durant les premières semaines, on peut parler de "guerre civile". Le "golpe" initial ne concerna au départ qu'un secteur de l'armée, une partie importante des officiers de grades intermédiaires.

Ce fut l'intervention massive d'Hitler et de Mussolini qui transforma le conflit en affrontement fascisme /vs/ antifascisme. Cette ingérence fut déterminante, et donna à la guerre une dimension internationale. Donc, en défendant Teruel, c'est aussi Paris que les Républicains défendaient, même si la majorité des "non-interventionnistes", les élites économiques et politiques, feignaient de ne pas en avoir conscience. Elles préféraient en réalité Franco, Hitler et Mussolini à la "révolution".

L'affrontement prit également, en Espagne comme ailleurs, un caractère de classe: les factieux voulaient anéantir le prolétariat, les ouvriers agricoles, les syndicats... pour empêcher tout retour en arrière. Les déclarations de Franco, Mola, Queipo de Llano... en attestent.

 Ce que l'on appelle "guerre d'Espagne" recouvre par conséquent des aspects multiples, que l'on ne peut nier ni minimiser, même si le plus important nous paraît être l'intervention extérieure de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste, alors que les "démocraties occidentales" se drapaient dans une neutralité de façade, dans une "non-intervention" finalement très interventionniste.

 

Jean Ortiz.

19/01/2012

Hommage au dernier dinosaure franquiste

Le dernier des ministres franquistes vivants, Manuel Fraga Iribarme, vient de mourir avec tous les honneurs dus à ses états de service. Il y a quelques mois,  dans une lettre qui "filtra", le président socialiste des Cortès, le socialiste José Bono, le couvrit d'éloges. C'est que rester autant de temps fidèle au "caudillo", au franquisme, qu'il ne cessa de légitimer,  mérite des couronnes.
Un saint facho ce Fraga, ex ministre de "l'info ?!!" du temps où l'on fusillait, garrotait. Fraga répondait: ce sont les détenus, devenus cascadeurs, qui se jettent par les fenêtres des commissariats où ils sont interrogés avec la courtoisie que vous savez. Fraga sut ensuite se reconvertir, se "transitionner", et devint même président de Galice.
 "Le Monde", peu suspect de sympathies franquistes , blanchit l'ex- fasciste; il souligne son expérience politique et sa conversion à la démocratie. Comme "Le Figaro". Dieu que c'est touchant!
Au même moment, ô combien symbolique, commence le deuxième procès (un troisième suivra), soit l'exécution professionnelle, du juge Garzon, qui eut  l'outrecuidance de s'attaquer à l'impunité du franquisme, à ses "crimes contre l'humanité", donc imprescriptibles (entre 130 000 et 150 000 républicains "disparus" gisent encore dans des fosses communes). Qu'ils y restent et ne rappellent pas de vieux souvenirs!
Garzon mena la vie dure à l'ETA, à Pinochet, aux scandales financiers du PSOE et du Parti Popular, aux GAL, aux ripoux cinq étoiles, à la délinquance en col blanc... Qu'il se mêle donc de ses affaires et laisse les deux grands partis politiques espagnols verrouiller consensuellement la "loi d'amnistie" (d'impunité) de 1977,  "la transition modélique", la "monarchie immaculée".  "Garzon: paredon!!": Garzon , au poteau!!

Jean Ortiz