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14/12/2012

Les larmes et les élections

 

Les larmes et les élections

 Le Venezuela populaire pleure, mais avec ou sans Chavez, il n'est pas décidé à renoncer à sa révolution bolivarienne. Depuis le 8 décembre, et l'annonce par le président lui-même de la récidive de son cancer, et de la nécessité d'une quatrième intervention chirurgicale urgente, des milliers de Vénézuéliens "d'en bas", mais aussi les dirigeants, des militaires... prient, se retrouvent lors de veillées votives, de réunions qui soudent, pour le rétablissement du président. Partout en Amérique latine, se multiplient les manifestations de soutien, les prières collectives... Chavez est reconnu comme le fer de lance des changements continentaux.

La maladie de Hugo Chavez rassemble le peuple bolivarien, et induit une direction collective, afin de poursuivre le processus révolutionnaire. Le président a subi une opération très délicate, et son rétablissement sera, de sources officielles, "long et complexe". Depuis samedi, l'évolution postopératoire est qualifiée de "normale". Les Vénézuéliens ont été, et sont, tenus informés, presque heure par heure. Le pays, en état de choc, n'en est pas moins institutionnellement stable, sans "vide de pouvoir", ni "luttes de succession" comme voudraient le faire accroire opposition et médias internationaux.

Le quotidien espagnol ABC, coutumier du bobard envers Chavez, titre, le 12/12/2012 : "El rival de Maduro hizo valer en Washington su perfil 'anticubano" ("Le rival de Maduro a assuré Washington de son positionnement anti-cubain"; il s'agit de Diosdado Cabello, président de l'Assemblée Nationale). Pour d'autres, c'est Maduro qui serait de mèche avec les États-Unis. Cette campagne n'étonnera personne; elle vise à diviser le chavisme, un rassemblement national, patriotique, et révolutionnaire, hétéroclite (un parti jeune, peu vertébré, de 8 millions de membres), traversé de courants divers. La stratégie de l'opposition, et de son mentor, Washington, va donc consister à tenter d'ouvrir des brèches dans l'armée, au sein du PSUV, etc.

Les libéraux de toujours, ceux qui le sont devenus, comme les sociaux démocrates de Acción Democrática, et même quelques "révolutionnaires" défroqués, essaient de créer un climat "d'incertitude". La palme de l'ignominie revient au quotidien Tal Cual du communiste repenti Teodoro Petkoff. Cet ultralibéral est l'interlocuteur incontournable de tous les médias occidentaux. Jadis guérillero, il a soutenu, en 1993, la campagne électorale du "social-chrétien" Caldera, et est même devenu ministre en charge de la politique économique. Ce champion des privatisations déclarait, en 1997, qu'il fallait "serrer davantage la ceinture"; il licencia 50 000 fonctionnaires, et "ouvrit à la concurrence" la compagnie pétrolière d'Etat. Son quotidien Tal Cual, hystériquement anti-chaviste, le 13 décembre, se livre à une description apocalyptique de la situation : "chaos généralisé", "gouvernement délirant et corrompu", "le futur pétrifié", les communes qualifiées de "formes tribales", "la saoulerie populiste", le "gène utopiste" de Chavez "qui le rend mégalo"... La seule solution, selon celui qui nous est présenté par les médias occidentaux comme un "homme de gauche", c'est une "thérapie de choc carabinée", c'est de "se serrer la ceinture".

Ce dimanche 16 décembre, le pays vote, pour renouveler les gouverneurs des 23 Etats. 15 sont pour l'heure chavistes. L'Etat très peuplé de Miranda est un enjeu symbolique pour ces premières élections sans la participation de Chavez. Le gouverneur sortant, H. Capriles, qui fut candidat contre Chavez aux présidentielles, est opposé à l'ex-vice-président, E. Jaua. L'Etat de Zulia, riche en pétrole, est lui-aussi un enjeu hautement significatif. Une nouvelle victoire chaviste permettrait d'accélérer le processus "socialiste" de transformation.

 

Les Vénézuéliens des "ranchitos" (quartiers pauvres) savent que "la foi en une autre existence sort de la faculté d'aimer" (Victor Hugo).

 

Jean Ortiz

13/12/2012

Vidéo soutien à Chavez

http://www.dailymotion.com/video/k3CSQvk818nFp73Cub9

11/12/2012

Quelles étoiles?

Quelles étoiles?

 

Nommer les choses, c'est déjà les faire exister. Nous sommes tous d'accord avec le "dépassement du capitalisme", avec la "rupture" lente et/ou radicale pour aller vers un "horizon", une "visée", nouveaux.

Cet horizon, comme l'a si bien formulé l'écrivain uruguayen Eduardo Galeano, s'éloigne lorsque l'on s'avance dans sa direction. Il paraît hors d'atteinte, mais il aide à marcher, il fixe le cap.

Ce cap, depuis 2005, plusieurs gouvernements, partis politiques, mouvements sociaux, présidents, d'Amérique du Sud, l'appellent "Socialisme du XXIe siècle". Ils refusent l'étatisme, le "soviétisme" d'antan, etc. mais ils font du socialisme ("création héroïque des peuples" comme l'écrivait le Péruvien J.M. Mariátegui dans les années 1920) la seule perspective véritablement alternative au néo-libéralisme.

Les "révolutions" latino-américaines n'appliquent aucune recette, n'ânonnent aucun bréviaire, mais ouvrent le chemin, tous les jours, en explorant les voies d'un socialisme endogène, démocratique, qui mêle la pensée de Marx, la théologie de la Libération de l'Eglise, l'héritage des Libertadors (Simon Bolivar, José Marti ...) et les valeurs, la conception du monde des communautés indiennes. Cette réinvention, en perpétuel mouvement, a déjà produit des résultats significatifs au Venezuela, en Bolivie, en Equateur...

Les protagonistes parlent d'exemple, de laboratoire, et en aucune façon de "modèle". Pourquoi donc se refuser en France à nommer le cap? Le mot et le concept "socialisme", durement affectés par le repoussoir du "socialisme réel", par la chute du Mur de Berlin, doivent-ils être pour autant tabouisés? L'Inquisition n'a pas invalidé le message du Christ.

Comme l'écrivait Guillaume Apollinaire dans sa pièce de théâtre "Les mamelles de Tirésias", les prédateurs de tout type "éteignent les étoiles à coups de canon. Ils ont assassiné les constellations". Sur le front, la voix d'un capitaine sauveur crie: "Il est grand temps de rallumer les étoiles". "Et ce ne fut qu'un grand cri sur le grand front français". En guise de sauveur, nous savons depuis longtemps que le capitaine est le peuple.

Pour lui ouvrir une perspective, il faut certes "rallumer les étoiles", mais encore faut-il préciser lesquelles... "Ceux qui les rallument", poursuit Apollinaire, "vous demandent de vous hausser jusqu'à ces flammes sublimes". Lourde responsabilités pour nous, communistes.

Nommer le cap, c'est commencer à se hisser vers l'étoile. "Je connais le pouvoir des mots" écrivait le poète russe Vladimir Maïakovski dans son dernier poème, le jour de son suicide. Il écrivit aussi :"Ecoutez! Puisqu'on allume les étoiles, c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires". "C'est qu'il est indispensable que tous les soirs, au-dessus des toits, se mette à luire seule, au moins, une étoile". Cette étoile, dans la crise vertigineuse du capitalisme est plus vitale que jamais. Ouvrons donc dès aujourd'hui le chantier alternatif, expérimental, du socialisme du XXIe siècle. Il palpite déjà dans nos luttes, nos résistances. Revendiquons cette utopie nécessaire et concrète.

 

Jean Ortiz