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31/10/2013

Au front camarades!

 

    Au front camarades!

   L'air du temps est fétide. Les girouettes tournent plus vite que le vent. La farce politicienne continue. Amusez-vous à lire ce que tel ou tel écrivait sur tel autre il y a encore quelques semaines, décryptez les pirouettes qui n'en finissent plus, les trahisons, les reniements, baptisés désormais "réalisme", "pragmatisme",etc.

   Ô combien ils ont raison ceux qui disent: si la politique c'est ce cirque, je n'en veux pas, et le plus souvent ils s'abstiennent, vote politique s'il en est. La politique et la démocratie sont perverties, séquestrées, dévoyées

   Je sais depuis longtemps qui sont nos adversaires de classe, comment se comportent le patronat, la droite, la social-démocratie...  Je sais ce que l'on peut attendre des uns et des autres, et combien il est nécessaire de "no rendirse" jamais, tout en maintenant le cap sur la perspective révolutionnaire du "peuple rassemblé", sur des positions de classe.

 

    Mais ce qui m'importe d'abord, ce sont "les nôtres", ceux à qui je fais confiance, avec lesquels je combats depuis près d'un demi siècle, à qui je peux demander des comptes lorsque cela est nécessaire. Dans la pire crise du système depuis les années 1930, le parti communiste se renforce insuffisamment et peine à se déployer tout en animant une politique de front dont il a été l'initiateur. Il reste cependant debout et vivant, ce qui ne saurait être sous-estimé après les aléas de l'histoire récente. Il a porté sur les fonts baptismaux le Front de gauche, belle et juste initiative politique, capable de bouleverser la donne politique. Les premiers résultats en montrèrent la nécessité afin de casser le verrouillage du système par l'alternance et le bipartisme (tripartisme aujourd'hui?).

   Mais le Front de gauche reste encore un "cartel" trop perçu comme électoral, fragile, frileux, de partis et organisations dont la volonté réelle de construction commune butte sur des dérives vécues comme "boutiquières"; il apparaît souvent dans les faits comme rechignant à s'ouvrir davantage, "en bas", à engager une dynamique réelle de Front populaire. Cela ne relève certes  pas du "presse-bouton", mais devrait passer par la création et l'essaimage,  de milliers de comités (ou toute autre appellation) de front, larges, unitaires, horizontaux, sans "chefs" ni organisation rigide, ne faisant nullement doublon avec les partis. Cela suppose aussi de ne pas (trop) se marquer à la culotte entre partenaires, de jouer la même partition sans (trop) de fausses notes...

 

   Le Front de gauche, pour se consolider, s'élargir, se crédibiliser davantage, a besoin de confiance, d'enthousiasme, de débats internes et publics, de cultiver les convergences,  et d'un parti communiste rassemblé, combattif, fédérateur, calé sur des marqueurs de classe, internationaliste, désignant clairement les objectifs d'avenir: le (un) socialisme (renouvelé), proposant une stratégie et un programme de rupture avec le capitalisme.

"Rallumer les étoiles " est certes nécessaire, mais pas suffisant. Il faut du souffle, de la colère et un vrai "programme de futur", utopiquement concret, suffisamment explicite, radical (à la racine des maux), pour entraîner l'adhésion de tous ceux qui ont perdu confiance en nous, en la possibilité d'un monde nouveau qui palpite déjà dans les entrailles du vieux système "néolibéral" dévastateur, et qui naîtra demain si nous sommes à la hauteur des étoiles, des défis de civilisation qui nous bousculent.

   Jean Ortiz.

Universitaire communiste

28/10/2013

Les caniches humiliés et à peine mécontents

 

Les caniches humiliés et à peine mécontents.

 

Ah les faux culs ! L'Amérique du Nord était et reste leur modèle, leur mentor, leur maître, leur protecteur, leur ami, leur allié...Et d'un maître le dominé doit tout accepter, y compris le viol de son intimité, la laisse et la muselière, la surveillance permanente (Quelle confiance, entre amis!!), l'espionnage minutieux, systématique, éhonté. C'est que ces amis-là ne le sont que pour gérer le capitalisme à l'échelle mondiale, se partager le festin, saigner à blanc les peuples. Leurs gouvernements ne sont que des fondés de pouvoir du capital mondialisé, des marionnettes des marchés. L'Europe est bel et bien devenue "l'arrière cour des Etats-Unis".

 

Les présidents français, allemande...viennent d'être humiliés par la "révélation" de l'espionnage à leur encontre, pratiqué par le grand frère, l'Agence de sécurité nationale des Etats-Unis, mais leurs réactions sont si "modérées" qu'ils en font pitié. Ils aboient comme les caniches qu'ils sont...On ne mord pas la main qui t'a fait roi ... de papier. Le général De Gaulle aurait déjà rompu les relations avec Washington. Les caniches d'aujourd'hui jouent les vierges effarouchées...Ils l'ont appris par "Le Monde"!!! Faux -culs! Imposteurs! Hypocrites! Vassaux et fiers de l'être! Soumis à "la servitude volontaire" (La Boétie). Et dire qu'ils ont craché sur un "athlète moral": Hugo Chavez.

 

Aujourd'hui, nul besoin d'envahir un pays pour l'assujettir. Il suffit d'aliéner son indépendance et sa souveraineté en l'espionnant jusqu'aux SMS intimes de son ou sa président(e), et d'avoir ainsi les moyens d'exercer toutes sortes de chantages. Un espionnage à la fois économique, politique, et personnel. Obama voulait savoir qui était cette Madame Merkel...Il ordonna donc qu'on la mît sur écoutes téléphoniques serrées. En 2010 il exigea du directeur de la toute-puissante NSA, Keith Alexander, qu'il s'intéressât davantage aux rapports d'espionnage sur la chancelière allemande: Combien d'amants? de divisions? de technologies de pointe? de défécations quotidiennes...Des infos envoyées directement au cabinet à la Maison Blanche.

 

Après les premières révélations du bienfaiteur de l'humanité, Edward Snowden, ce fringant Obama osa répondre à Madame Merkel qu'il n'était au courant de rien et que ces pratiques de banditisme international et de voyeurisme politique étaient étrangères à l'éthique des maîtres du monde...Tu parles, tartuffe va!! Pour dominer le monde ainsi, il faut n'avoir aucun scrupule, aucune dignité, aucun sens moral, aucune éthique autre que "tout m'est permis".

Une fois de plus, François Hollande s'est couché. Il est passé maître dans l'art de ramper.

Jean Ortiz

27/10/2013

Voir l'Ardèche et croire aux rêves possibles

 

 Voir l'Ardèche et croire aux rêves possibles

 

   Celui qui n'est jamais allé en Ardèche doit s'ardécher d'y aller. Ce pays a le "duende", ce quelque chose qui vibre entre les pierres, les oliviers; les chênes et châtaigniers, les gorges, les crues, les vieux villages, les cadavres des mines, et qui vous ramène à l'essentiel, au moment même où "le miroir de la vie s'assombrit" (Paul Eluard)

Qui n'a pas traversé le Bois de Païolive, tout près des Vans, ne peut prétendre à l'éternité. Des géants de calcaire montent aussi haut que la végétation du causse. Ils sont là, tour à tour inquiétants, chaleureux, édifiés par le temps et l'érosion. Ils se parlent la nuit. Ces chaos caillouteux préparent demain leur revanche. L'un deux porte une barbe de caillasse blanche. Tel autre se prend pour un ours, un dragon, un guérillero. Ce maquis  essentiel, originel, renferme tant de mémoires qu'elles exploseront un jour.

Et d'ailleurs, une petite commune ne s'appelle-t-elle pas "Prends-toi-garde"? Elle rappelle que le bonheur se gagne, à la volonté, en accrochant aux vieux arbres noueux les "bâtisseurs de ruines". En ce bois, l'abbé Jules Froment, grand occitaniste, rebelle devant l'Eternel, poète crypto-guévarien, venait y méditer dans son "capitaine", sa cabane de pierres blanches.

 

    Au village des Vans, on  boit à jeun de la liqueur de châtaigne, comme pour en rester si marron et ouvrir la porte des Cévennes. Car cette région, du Vivarès aux Cévennes qui guettent, cette Ardèche, elle se gagne. Ici comme ailleurs, malgré les poussées généreuses de champignons, l'art est dans la dèche, et "les intermittents" galèrent. Tu fais quelques conférences subversives, bolivariennes, moraliennes, corréennes, castristes, entouré de rouges, de sacrés cocos, de rouges-verts, du président de "la Conf", du "moi je fais du fromage de chèvres", "moi je suis une "alternative", "moi je suis en Fase", d'enseignants communistes ferratiens re-traités, mais qui ont l'âge jeune de leurs idées, tu manges des ravioles, et l' Ardèche  se donne à toi. Tu chantes en espagnol...mais ils ne comprennent pas. Une coco incapable de chanter "ay,Carmela" doit refaire illico l'école du parti! Une seule fausse note dans ce soviet automnal: mon accompagnateur s'appelle "Blanc".

 

   Ce blanc m'a enivré de paysages et de villages "de carte-postale", Saint-Ambroix, Chassagne, (sans moustaches), Banne et son château fortiche, saoulé de routes hors-saison où ne peuvent se croiser deux attelages. Il m'a provoqué des orgasmes rétiniens. Il a gravé dans mes rétines des mines d'argent. A Largentière, il ne reste que la tour. Au puits de Béssèges, le chemin des mineurs s'incline; une nostalgie de charbon, de cuivre, à Sainte Marguerite, La Figère, tâches rouges jadis...La mine. Le gagne pain des fils de paysans: des semi-prolétaires.

 

   La nuit, le col de l'Escrinet, sombre cordon ombilical entre Privas et Aubenas, angoisse les étrangers; et comme le monde en est plein...Des ombres familières vous tendent le bras droit, vous  saluent à l'ancienne, vous prennent sans doute pour un facho "de gauche", pour un chasseur de pauvres. Et pourtant, les seules gitanes sont celles que fumerait Bernard mon pilote .

Au sommet, 732m, les corbeaux vous croassent que la crise serait "systémique", et patati et pas tata. Et moi: je me mêle de tes amours avec madame corbelle? La ferme, corbeau! Quand on porte un nom comme çà, on le cultive et l'on se tait! Oiseau de mauvaise eau pure, va! En contrebas, les rivières qui parfois se prennent pour des fleuves, coulent aujourd'hui nonchalantes, amnésiques, dans l'attente de la prochaine crue. Le Chassezac, l'Ardèche, en cette saison "basse", enterrent les canoës, les campings, les boîtes à malbouffe, les containers...La garrigue vraie reprend le pouvoir. Là une vielle bâtisse à grandes ouvertures: on y décoconnait les cocons de vers à soie et on envoyait la matière première à Lyon. Faut plus décoconner! Quel dommage! Vite-vite relocalisons, produisons autrement.

 

   La belle Opel Zafira en frissonne. Et que vient faire Chavez là-dedans? Et l'Indien Morales? Je rappelle que François Hollande "n'est pas ma crème de châtaigne", que "sa France" n'est pas la mienne, la nôtre...Au sommet de l'Escrinet, des fadingues tirent sur tout ce qui vole (pas au sens de chaparder). Non, ce n'est pas naturel! C'est l'Europe du fric. "Qué se vaya pal carajo!" La grosse Commission européenne, la scatologique Banque centrale européenne, les tecnokrates de Bruxelles: qu'ils s'en aillent tous "pal carajo!". A la merde!

 Ils donnent du fric empoisonné pour planter des pêchers, puis pour les arracher et les remplacer par de la vigne, de l'olivier...Certains paysans  serrent tant les oliviers, pour chasser le maximum de primes, qu'ils ne produisent pas. L'Europe du fric gère la déprise agricole.

 

   Ce bel pays de fausse cocagne ne se dépeuple plus. Les retraités y reviennent, les Belges font monter les prix de maisons belles comme toi. A Lablachère, "on" a mis des pancartes contre "le plan départemental pour les gens du voyage". La séduisante Basilique et les maisons en pierre calcaire blanc-gris en pleurent de honte. A mille mètres, là-haut, le Tanargue jugera un jour.

 

   Il y a en bas des villages à vous couper la respiration, à y demander l'asile: "Joyeuse", du nom de l'épée de Charles Martel...Ca va, nous sommes rassurés! La rue des artistes attend l'été prochain, le Musée de la Châtaigneraie somnole. Chaque village est classé, comme à l'école de mon enfance. Et Balazuc? Quelle classe! Et ne racontez pas de fadaises aux falaises. Elles surveillent  les rues incroyablement pentues, étroitement caillouteuses - les "calades"- et ce fantastique labyrinthe qui surplombe les gorges engorgées de l'Ardèche. "Inabordables l'été". Des archives du temps, villages, ruelles, sentiers, églises, vierges en cette fin octobre.

    Mon Dieu quel bonheur, mon Dieu quel bonheur, d'avoir un ami qui vous colle, mon Dieu quel bonheur, d'avoir un ami promeneur (politisé). Il va pleuvoir, les sommets cévenols se couvrent de képis noirs, les mains vilaines de Lablachère désormais ne se cachent plus, les noyers ont la gueule de bois....Mais Bernard et ses camarades communistes, progressistes, révolutionnaires, croient à l'utopie les pieds sur terre, au rêve possible, si nous le voulons. Au pays des "castagnes". Alors: à la castagne!

Jean Ortiz