01/01/2014
Rouges vies
Nouvelle édition, enrichie, de Rouges vies. Mémoire(s), Jean Ortiz.
Surprenant cheminement que celui du dernier livre de Jean Ortiz, Rouges vies. Il y raconte la vie des siens en Espagne, et de milliers d'autres, depuis les années 1920, et ensuite la Guerre d'Espagne, le franquisme, l'antifascisme. Cet héritage, douloureux et propulsif à la fois, il l'a assumé en devenant à son tour militant, "résistant", passeur de mémoire.
Jean Ortiz nous plonge au cœur de Mai 68, dans les grandes batailles pour "vivre et travailler au pays", les combats syndicaux, les révolutions en Amérique latine. Ce rebelle, au PCF, a toujours eu "la tête qui dépasse", ce qui l'a parfois mis en conflit avec quelques apparatchiks carriéristes.
Rouges vies, selon les échos que nous en avons, est perçu comme un itinéraire collectif, chacun s'y reconnaît, un peu, ou beaucoup, tantôt s'émeut et tantôt pouffe de rire. Des éclats de rire qui sont autant d'éclats de vie. Les mémoires sont un genre littéraire relégué, victime de l'immédiateté, érigée comme absolu dans notre société.
Rouges vies fait son chemin. Sans doute, parce que le "je" y est devenu "nous". Rouges vies nous plonge dans les tripes et l'intelligence d'un personnage hors norme, dérangeant, attachant, provocateur, "fou". Mais par les temps que nous vivons, seuls les fous sont raisonnables. Ecrire, c'est la vie, c'est faire, c'est lutter, c'est se mettre en danger, et c'est aussi peser sur l'histoire.
Paul Bessières
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