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12/10/2012

chavez et Al Assad

Chers camarades,

Je suis en désaccord depuis longtemps avec plusieurs points de la politique extérieure de Chavez... Al Assad, Khadafi... sont pour moi des satrapes, et pas ma tasse de thé du tout... Les positionnements chavistes sur la Syrie, la Libye, il est vrai, nous rendent le travail et le devoir de solidarité plus difficile... Mais ceux qui martèlent sur le thème Chavez=Al Assad savent ce qu'ils font et je les connais bien... Je sais qu'ils ont une conception de la défense des droits de l'homme à géométrie variable et très sélective. S'ils étaient de bonne foi, on le saurait... Cela ne me tétanisera donc pas. Je regrette seulement que cela pétrifie nombre de ceux qui devraient être au rendez-vous de la solidarité avec ce qui se passe au Venezuela: une véritable révolution en marche.
La politique extérieure de Chavez ne peut être réduite à ces aspects que nous ne partageons pas, et dont il faut se distancier; c'est surtout l'anti-impérialisme, les rapports sud-sud, la construction d'un monde multipolaire, une politique pétrolière moins inféodée à Washington et à ses roitelets, l'intégration continentale, la revendication haut et fort du "socialisme"... etc. etc.


La solidarité, nous l'avons appris, souvent à nos dépends, pour être efficace, doit être lucide, critique, exigeante... ce qui ne signifie pas pour autant se poser en donneurs de leçons.

SOLIDARITÉ n'implique pas, n'exige pas, INCONDITIONNALITÉ.

Je ne soutiens ni Al Assad ni les "rebelles"... Je condamne les massacres dans les deux "camps". J'exige une solution politique, négociée, sans ingérences extérieures, dans le respect de la souveraineté de la Syrie, de la volonté de son peuple, et l'implication réelle, équilibrée, et sans a priori, de l'ONU...

Et je vais m'impliquer encore davantage contre le double langage, la double morale, redoubler d'efforts de solidarité avec tous ceux qui en Amérique latine montrent que OUI, IL Y A DES ALTERNATIVES POSSIBLES ET CONCRÈTES au cauchemar "néolibéral". C'est cela qui insupporte les uns et les autres.

P'alante!

Jean Ortiz

11/10/2012

Séjour au Venezuela: suite

Des mouvements sociaux et populaires massifs, déterminés, ont fait face à la déferlante ultralibérale. De nouveaux leaders, qui ne sont pas issus de la classe politique traditionnelle, se sont affirmés: Evo, Chavez, Lula... Les partis politiques traditionnels ont sombré dans la collaboration, et ont fait faillite, à commencer par la social démocratie. La plupart ont vécu une dérive idéologique très droitière avant d'être relégués.
Les mouvements sociaux ont su construire des alternatives politiques et ont porté au pouvoir des gouvernements qui cherchent à s'émanciper de la tutelle des Etats-Unis et du néo-libéralisme, qui avancent vers une intégration latino-américaine équitable, juste, équilibrée...(UNASUR, ALBA, CELAC...). Depuis une petite dizaine d'années, certains se sont fixés comme objectif la construction d'un "socialisme du 21ième siècle"... Des laboratoires passionnants, alors que "la vieille Europe" s'enfonce dans une crise "systémique".
Ces gouvernements ont fait reculer la pauvreté, rétabli le primat du politique, ont assuré leur souveraineté sur les richesses nationales, etc. De quoi faire enrager Washington, "Le Monde", "Libé" , Cohn Bendit, Adler, Machover... toutes les crapules médiatiques, les chiens de garde du "néo-libéralisme", les terroristes non repentis de la pensée unique. Il convient de souligner et de répéter que l'opposition à Chavez et à Correa, à Evo, est souvent liée aux socialistes et aux sociaux démocrates européens. Ceux-là mêmes qui en Europe pratiquent la rigueur, l'austérité, mais "de gauche", adoptent des traités aliénant la souveraineté nationale, se posent en censeurs de ceux qui font le contraire. La campagne présidentielle au Venezuela a eu sans doute pour la première fois dans l'histoire de l'Amérique latine, une dimension internationale; Chavez a dû affronter une coalition médiatico-conservatrice, de Caracas à Paris, en passant par Madrid. Les acteurs n'ont reculé devant aucun mensonge.
Si tant est que cela fût encore possible, les médias se sont couverts de merde. Ils regardent l'Amérique latine avec méfiance, mépris, condescendance, alors que tout devrait plaider en faveur d'un regard qui ne fût pas dénigrant.
Mais voilà, pour la droite et la social démocratie: il n'y a pas d'alternative au néo-libéralisme. Il faut donc tirer à boulet rouge sur tous ceux qui prouvent le contraire. Un détail en passant: une semaine après le coup d'Etat de 2002 contre Chavez, l'Internationale socialiste, réunie à Caracas apportait son soutien aux putschistes.
De forums en interviews et en conférences, nous nous sommes attachés à démontrer qu'entre les sacrifices "de gauche" et ceux "de droite", il y a la même différence qu'entre Copé et Fillon, qu'entre Lotus double épaisseur et Lotus triple épaisseur. Nous avons montré comment l'Europe du capital se construit comme une machine de guerre contre les peuples, sous la botte allemande, à l'opposé des expériences latino-américaines.
A Puerto Ordaz, près d'un millier de travailleurs de l'aluminium, de l'acier, nous ont soumis à un feu nourri de questions. Nous leur avons longuement parlé du traité Merkel-Sarkozy-Hollande, de la "règle d'or", des renoncements d'un président malgré ses engagements électoraux, et qui prend les français pour des "pigeons"... Dans l'Etat du Monagas, nombreux étaient ceux qui croyaient que la France avait un gouvernement "socialiste", au sens plein du terme. La plupart de ceux qui sont venus nous voir après le débat nous disaient : "Alors, vos socialistes, c'est comme les 'Adecos'."
Nous avons insisté sur le fait que l'adversaire est la droite, la bourgeoisie, et que même si le PS s'est converti au néolibéralisme, nous croyons que les mouvements populaires peuvent booster les choses et donner un contenu de rupture au rassemblement nécessaire. Nous avons expliqué l'émergence, la spécificité, la nouveauté du Front de Gauche et les espoirs qu'il porte.
De retour à Caracas, le jeudi 4, nous avons survolé une capitale envahie par un tsunami rouge. "L'Humanité Dimanche" de cette semaine rend compte des résultats de Chavez et des nouveaux défis. Malgré la haine et le déchaînement anti-chaviste des élites et des médias, le peuple a voté pour ses acquis, et a donné une leçon de démocratie aux nouveaux inquisiteurs. Ils l'ont dans le ...  On ne va pas bouder notre plaisir!


Jean Ortiz

suite séjour Venezuela

NOTRE MESSAGE

En ce qui me concerne, je suis intervenu à Puerto Ordaz, Maturin...avec un journaliste français devenu une institution au "Diplo", latino-américanisme depuis 40 ans, fin connaisseur, mais qui parle un charagnol  ruinant tous ses efforts de didactisme, qui ose te demander un mot en pleine conférence alors que tu sommeilles à côté de lui, et qui a le culot de le faire remarquer à la salle hilare...bref, un "insolidario" qui n'a pas lu Lénine, tome trois, "Oeuvres complètes", p. 124: "la sieste a des vertus révolutionnaires"...Qui plus est, ce baroudeur a des heures de sauts en parachute et, plus çà bouge, plus il est heureux; dans une "avioneta" il passe son temps à photographier le vide...et pour finir, il ne connaît rien à la "règle d'or" et il ronfle...
A chaque étape, nous avons, "al alimon", lui le parachutiste de choc et moi agrégé au plancher des vaches, expliqué que l'Europe se trouvait actuellement dans une situation assez comparable au cauchemar que vécut l'Amérique latine dans les années 1990: le "consensus de Washington", les "thérapies de choc" du FMI, les "ajustements structurels", avec les terribles conséquences que l'on sait...Le continent passa de 120 millions de pauvres en 1980 à 225 millions en 1990.
Suite à venir