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23/07/2012

Chroniques vénézueliennes /6 La FEGAVEN et les "llanos"

 

Après une journée de pluies abondantes, de routes inondées, pittoresques, et d’embouteillages, nous sommes invités par la Fédération de producteurs et éleveurs du Venezuela (FEGAVEN) à voir au plus près la révolution bolivarienne dans le secteur agricole, la paysannerie, les conseils comunaux, les conseils de producteurs, etc.

Nous arrivons à Guanare, dans l’état de Portuguesa, le grenier du pays, et l’état le plus chaviste aussi, à la nuit tombée. La veille, le candidat de l’opposition avait déclaré : “Ne jetez pas l’éponge, nous avons encoré plus de 70 jours”, une vraie posture de vainqueur! Ici, c’est également le pays des troubadours paysans à la harpe. Les “llanos”, ces plaines agricoles et d’élevage, s’étendent sur cinq états centroccidentaux du pays; le climat est tropical dans le piémont andin où est située Guanare.

Le président national de la FEGAVEN, Balsamiro Belandria Rivas, et le président local, José Gregorio Palencia, nous ont préparé une tournée dans les états de Barinas, Mérida, Tachira, etc. La FEGAVEN impulse dans ces zones un travail de terrain, comprenant des milliers de projets, portés en grande partie par des petits et moyens producteurs. Chaque samedi, la radio nationale du Venezuela (RNV), et Radio Sur, très écoutées dans le pays et sur tout le continent latino-américain, diffusent une émission en direct, “C’est ainsi que l’on produit au Venezuela”, préparée et présentée par Balsamino Belandria lui-même.

Le lendemain de notre arrivée, un samedi précisément, nous sommes invités dans cette émission à parler de la situation en France, et des fondements de notre solidarité, etc. dans une unité d’élevage et de production laitière pilote, au bord d’une lagune où se baignent ibis noirs et autres oiseaux tropicaux.

Ici, on connaît et on respecte beaucoup Ignacio Ramonet et Jean-Luc Mélenchon. Nous expliquons ce que sont les positions du PCF, la stratégie  du Front de Gauche, depuis notre appartenance communiste, la politique du gouvernement Hollande, le pacte européen de stabilité budgétaire … Nous reviendrons plus longuement dans des articles ultérieurs sur les expériences nouvelles, horizontales, autogérées que la révolution a créées. Les petits paysans et producteurs locaux nous parlent sans détours. L’un d’eux, à notre grande surprise,  n’est autre que le frère de l’Ambassadeur du Venezuela en France.

Le président de FEGAVEN est un journaliste de talent, qui dirige aussi la Fédération et exploite une propriété de production de lait de “búfalas” (buffles). Il a l’oeil avisé et la parole sûre. Demain, nous partirons pour une expédition à l’intérieur des Llanos.

La chaleur tropicale moite peut ici, s’il n’y prend garde, plonger le révolutionnaire francais dans la torpeur. Au menú : cachapa (galette de maïs doux et fromage frais).

 

Jean Ortiz

 

22/07/2012

Une invasion invisible?

Une invasion invisible?


A Caracas, place Altamira, sur le lieu même où se réunirent les putschistes en 2002, où ils prièrent pendant des semaines face à l'obélisque de Luis Roche, à quelques pas du grand hôtel où ils cachèrent les armes, il règne un calme glacé d'hommes d'affaires pressés. Pas une affiche de Capriles. C'est à se demander si le candidat de l'opposition fait campagne dans la rue. Un secteur de la droite reconnaît même qu'il est franchement mauvais. Il est à la fois un montage politico-médiatique, une feuille de vigne, et un expert en communication. Pour gagner en popularité, il va jusqu'à singer Chávez, portant parfois le chapeau paysan des "llanos" (plaines d'élevage) ... lorsque Chávez le porte.
La droite, difficilement unie dans la MUD, sorte de front d'unité de facade et "démocratique", sait qu'elle va perdre. La tonalité, dans les rues, les sondages, en témoignent. Le Comandante bénéficie d'un quotient personnel impressionnant, renforcé par sa lutte courageuse contre la maladie. Alors, la droite prépare déjà le terrain. Sa ligne de défense apparaît clairement dans les médias : " Chávez viole la constitution, le code électoral", "s'apprête à frauder", "monopolise les ondes" ... La droite et ses alliés socio-démocrates, démocrates chrétiens, vieux restes des partis qui ont fait failite, mettent tout en place pour un "néo-putsch" pseudo-démocratique. Le journal Tal Cual, de l'ex-guérillero repenti, Teodoro Petkoff, ex-ministre ultra-libéral du président COPEI (chrétien démocrate) Rafael Caldera, titre : "Chávez viole la constitution", le code électoral, alors que c'est le candidat ex-putschiste Henrique Capriles Radonski qui a refusé de signer le cahier des charges électoral. La campagne sur la fraude est déjà instillée. Battue, la droite conteste d'ores et déjà les conditions de la campagne et le résultat qu'elle pressent. La plupart des chavistes, militants de base ou députés, que nous avons rencontrés craignent qu'après la Lybie, la Syrie, nous disent-ils, ce ne soit le tour du Venezuela. Au parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), comme au petit parti communiste (PCV), on redoute une déstabilisation qui ferait ici couler beaucoup de sang. "Chávez es pueblo" Un ami universitaire nous laisse entendre que des groupes paramilitaires se préparent, certains venus de Colombie.
Nous prenons le métro, dangereux selon la propagande des médias-mensonges; il nous apparaît propre, calme et efficace. Des affiches y défendent la réforme agraire, appellent à respecter les règles civiques élémentaires.
Arrêt station Capitolio. Sains et saufs. Pas de chars cubains dans les rues, mais une Police nationale bolivarienne, au sifflet strident, créée en 2009 pour pallier la corruption des anciens corps.
Place Bolívar, face à la statue équestre du Libertador, un groupe de vieux messieurs et de vieilles dames, anciens guérilleros communistes des années 1960-1970, attendent de recevoir un prix à la mairie. La cérémonie commence par un hommage officiel à Gustavo Machado, fondateur du PCV. Après l'offrande florale aux pieds du Libertador, une chorale entonne l'hymne du Venezuela. Ces vieux lutteurs communistes, Hernán Abreu (Patricio), Carmen Estévez (Lucía), sont émus de la présence d'un communiste francais. L'internationalisme peut s'avérer lacrymal. Demain, départ pour une virée kilométrique à l'intérieur du pays.
Menu du soir: empanadas pabellón.

Jean Ortiz

21/07/2012

Marée rouge bis

Marée rouge

Hier mercredi, Chavez a provoqué une nouvelle marée rouge dans l´État de Guarico; il s´en est pris vivement au ´candidat de l´impérialisme, du capitalisme´, le ´préhistorique´Capriles. Des dizaines de milliers de personnes communiaient dans l´allégresse. Béret rouge et chemise rouge, en forme, Chavez a considéré que les élections du 7 octobre engagent l´avenir de la nation, de la patrie, et sont cruciales pour l´indépendance si cherement acquise. Une foule a perte de vue applaudissait a tout rompre; il y a entre Chavez et le peuple une relation toute particuliere d´affection, de confiance, d´identification. On a du mal a l´imaginer depuis l´Europe.
Retour a Caracas, quartier Altagracia. 5h du matin. Les coqs chantent en ville, la Révolution ne les a pas baillonnés. Les quartiers populaires sont propices aux insomnies. Toute la nuit, les voisins s´agitent, bricolent, pratiquent le discours a haute voix. Je m´aventure dans la rue. Des ouvriers déchargent un camion en  musique. Ici, pas d´heure pour baisser la radio; salsa et boléro sont insomniaques. Les ouvriers m´expliquent que la nouvelle loi du travail les protege mieux et que le gouvernement a augmenté les salaires...
Retour au QG, sain et sauf. La télé déforme les propos de Chavez a Guarico, la plupart des chaines nationales ont troqué l´info pour la propagande: Canal 1, Globovision, Vénévision, Canal 5 sont furieusement anti-chavistes, dramatisent la situation. Alarmistes, elles tentent de créer un climat anxiogene et les conditions d´ une déstabilisation.
Pour l´heure, nous n´avons vu Capriles qu´a la télé: spots, interviews. L´homme ment comme un arracheur de dents. Il promet de ne pas toucher aux ´missions´de la revolution bolivarienne alors qu´il est un privatisateur compulsif. De meme, pour la compagnie pétroliere PDVSA, qu´il promet d´ouvrir seulement au capital privé, sans la privatiser.
25 degrés au petit matin. Petit-déjeuner au jus de ´lechosa´.

Jean Ortiz