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06/06/2012

lettre ouverte aux camarades socialistes

Lettre ouverte aux camarades socialistes .

Nous avons chassé Sarkozy ensemble. Nous ne  pourrons vaincre le capitalisme (si vous en avez la volonté) qu'ensemble.
Alors pourquoi vouloir à tout prix une "majorité absolue" de "hollandais" à la botte du prince? Pourquoi vouloir faire  la peau à mes amis Brard, Asensi (fils de "Brigadiste International"), à Mélenchon, qui est allé se fritter le Front National pendant que vos élus du coin tentaient de faire oublier leur corruption, je l'espère passée ? Le courage politique de Mélenchon contraste avec la pleutrerie de tous ceux qui ergotent déjà sur la grosseur d'un pouce ("coup de pouce"), qui va finir par devenir auriculaire pour faire plaisir à la Madame du pauvre Medef...
Vous m'inquiétez déjà camarades socialistes. Rassurez-moi vite! Jaurès répétait que l'on ne pouvait être à la fois avec les exploités et leurs exploiteurs. Choisissez, putain, d'une fois pour toutes: Neuilly ou Ivry? Le CAC40 ou le pouvoir d'achat? La "non intervention" ou l'antifascisme? Washington ou La Paz, Quito, Buenos Aires, Caracas....?
Nous ne pourrons aller vers un Front populaire qu'ensemble, vers un "socialisme à la française" que main dans la main, et  poing levé (position il est vrai acrobatique). Ensemble. Toute ma pratique dans le mouvement social et syndical a été imprégnée de cette démarche unitaire.
Mais non de Dieu arrêtez de vouloir être hégémoniques à tout prix , alors que l'histoire a prouvé, y compris la récente (Grèce, Espagne, Portugal), que vous n'avancez le plus souvent, dans la lutte des classes, qu'à grands coups de pieds du peuple dans le cul. J'ai connu quelques baudets sympathiques, de mes amis, qui ne sont devenus chevaux de course qu'en les poussant...L'important étant de disputer le "Grand prix social" ensemble et de le gagner, quelle que soit la couleur de la casaque (je préfère le rouge), à condition que le programme des différentes "écuries" soit le plus avancé possible. Que l'on me pardonne la métaphore chevaline un peu outrée, mais, mais...Qui aime les chevaux les connaît bien.
A vouloir ménager la chèvre et le loup, dit-on dans le Tarn, c'est toujours le légionnaire qui se retrouve triste.
Oui vous avez besoin ,camarades socialistes, d'une gauche-gauche forte, pour vous empêcher de draguer au centre (et draguer est humain et plutôt agréable).  Pour moi, communiste et militant enthousiaste du Front de Gauche, vous êtes, pour beaucoup d'entre vous, des amis, des camarades de luttes syndicales, sociales, des "hermanos" (frères) de moments de partage, et parfois de quelques histoires plus intimes (nul n'est parfait)...Alors pourquoi vous méfier de nous, les cocos, les Frontistes, les Fasistes, les PGistes, les piquettistes, les lutteursdeclassistes, nous qui sommes plutôt fiables contre les patrons, les nantis, les banquiers, contre les "collabos" d'aujourd'hui, les prédateurs des services publics, les saigneurs de peuples, les "vende-patria" (en espagnol), les "Versaillais", et écétéraécétéra ???
Une majorité de gauche où le front de Gauche n'aurait que la portion congrue serait bien gauche face au mur de l'argent, face aux voraces "marchés", aux intérêts de classe, aux fauteurs et alimenteurs de crise, à la nécessité de rétablir l'indispensable primat du politique ,et de promouvoir le "retour de l'Etat"...A force de nous prendre seulement pour des "forces d'appoint", la nécessaire dynamique unitaire pourrait prendre du plomb dans l'aile.
Vous connaissant bien, il nous faut vous aider souvent à tenir le cap à gauche, à faire Front, à résister aux pressions de nos "ennemis de classe"...Alors ne refusez pas cette "assurance contre toute dérive droitière" que nous représentons. Un FRONT DE GAUCHE , fort , va rendre service à nos idéaux et intérêts communs, à nos engagements partagés, au moral du peuple, en étant à vos cotés, en alliés sûrs, fidèles, combatifs, anticapitalistes. Respectez -nous en tant que tels et avec tout le poids que mérite notre courage et notre lucidité politiques. A se marier, il vaut mieux le faire avec un vrai amour, profond, "doux et tendre", "mon merveilleux amour"...(grand Jacques);  un partenaire plus volage exige plus de vigilance. Mais l'essentiel reste le bonheur possible et partagé. A portée de la main, si nous le voulons!!
Jean Ortiz
Universitaire

divorcé deux fois
Pau

 

05/06/2012

Safari et bouche cousue

Safari et bouche cousue

Le bureau du parlement espagnol vient de s' opposer à toute commission d'enquête au sujet du safari du roi au Botswana. Cela serait "anticonstitutionnel" paraît-il. Drôle de constitution que celle qui place le roi parmi les dieux de l'Olympe. La demande d'une commission d'enquête émanait de Izquierda Unida, ERC et BNG. Le néo-franquiste Partido Popular bétonne à mort pour protéger l'héritier du dictateur, c'est normal, mais scandaleuse a été l'attitude du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, qui a rallié la droite pour rejeter toute enquête et couvrir "su Majestad". Encore et toujours le consensus de la "transition" !!
Pour sa part, le "Chef de la Maison Royale" a répondu à une lettre de Izquierda Unida (posant quelques questions impertinentes) sur le safari au Botswana, que le roi non plus ne parlerait pas. Silence d'éléphant!! Le roi est au-dessus des lois, "intouchable"(enfin...)
Le roi se serait livré à des "activités privées": chasser l'éléphant en compagnie d'une madame de la noblesse étrangère...mais payées par les contribuables espagnols. Le roi refuse  de dire combien de coups il a tiré. Impuissance ? Obligation de réserve? Africaine? Secret d'Etat? D'alcôve? Safari, ça fait rire beaucoup d' Espagnols, rire de rage..."Republica ya !!""Viva la Tercera!!"
Jean Ortiz.

Espagne: guerre sociale et guerre mémorielle

Publié dans "L'Humanité" du 5 juin 2012

Espagne: guerre sociale et guerre mémorielle

 

La guerre sociale que mène le gouvernement ultra-libéral espagnol et les municipalités, les "autonomies", que le Parti populaire dirige, se double d'une guerre contre tout ce qui concerne "la récupération de la mémoire historique". L'une a besoin de l'autre. L'offensive révisionniste tente de vider la mémoire populaire de son contenu politique et idéologique, et faire accepter les sacrifices comme naturels. Pour exploiter les peuples, pour les soumettre à une servitude consentie, il faut commencer par endormir leur mémoire, leur conscience d'une continuité historique. "Recortes" (coupes) sociaux et "recortes" mémoriels vont de pair.

 

Mariano Rajoy l'avait annoncé: il le fait. "Pas un seul euro du Trésor public pour récupérer le passé" (20 minutos, 22/2/2008). Assez de parler d'impunité, de "vérité"... Les militants des associations entendent désormais ce discours: on ne va pas vous subventionner pour réécrire l'histoire en votre faveur.

Le gouvernement d'un parti héritier du franquisme, d'une entreprise de terreur, applique un plan préconçu afin de priver de tout soutien institutionnel les associations qui, depuis plus de dix ans, soulèvent la chape de l'oubli négocié et imposé. Le 2 mars dernier, le gouvernement a fermé le Bureau des victimes de la Guerre civile et de la dictature. Cet organisme ministériel centralisait des milliers de données (emplacement des fosses communes, liste de 68 500 victimes du franquisme, etc.). Il permettait aux familles et aux associations d'avancer dans la recherche des disparus, dans le recensement des différentes formes de répression... Désormais, abandonnées à leur sort, les victimes ne peuvent plus recourir à l'exécutif et difficilement au pouvoir judiciaire. Tout cela est contraire à ce que stipule le droit international. Les familles devront s'adresser à la "Division des droits de grâce", c'est-à-dire demander l'aumône; cela sent le franquisme me confiait récemment un militant communiste lors de l'inauguration du monument aux martyrs de Villarobledo (5% de la population jetée dans des puits par les fascistes). Dans les villages, le climat est redevenu lourd.

Non seulement le gouvernement n'applique pas la moribonde Loi de mémoire historique de 2007, mais il la démonte. Selon la porte-parole "popular", Saenz de Santamaria, "il n'y aurait pas de consensus pour l'appliquer". Il ne convient pas de relancer le conflit entre "vaincus" et "vainqueurs". Il faudrait que victimes et bourreaux fraternisent et que l'on tourne la page sans même l'avoir lue. Ce discours de "l'équidistance", on le connaît bien... C'était grosso modo celui du gouvernement Zapatero, si décevant en ce domaine comme en d'autres.

Depuis, l'ultra droite tente d'intimider, d'étouffer, le travail de mémoire et d'imposer sa réécriture de l'histoire.

Après avoir amputé de 20 à 30% les budgets sociaux, le gouvernement vient de réduire de 60% celui destiné aux associations mémorielles (El Mundo, 05/04/2012). Les quelques miettes seront exclusivement destinées à l'ouverture des fosses. Lorsque l'on sait qu'il y a près de 2 000 fosses et que les associations n'ont récupéré qu'environ 5 000 corps (sur les certainement plus de 130 000), l'exhumation durera des décennies! Les 2 700 corps de la fosse commune de Málaga reposent dans des caisses, entassées dans un entrepôt. Des stèles, des plaques, en hommage aux fusillés, comme à Grenade, à Collado de Hoyo, sont enlevées. A Lugo, le Parti Populaire a refusé de retirer les distinctions honorifiques attribuées à Franco; à Elche, la mairesse a débaptisé la rue "Pasionaria" pour la remplacer par le nom d'un ancien maire franquiste de la ville (16/07/2011). Le gouvernement galicien (Xunta) a déclaré que "ce n'est pas son rôle que d'appliquer la Loi de mémoire historique" (El País, 10/12/2011). A Madrid, le Parti Populaire revendique la rue du général fasciste Mola, dans le quartier Salamanca (Diario progresista, 11/12/2011). Le maire de Chiclana "ne veut pas entendre parler de Mémoire historique", et s'oppose à un monument à la mémoire des victimes républicaines, au cimetière San Juan Bautista. Tout cela, alors que la Loi de mémoire historique stipule que les symboles renvoyant à la Guerre civile et à la dictature "doivent être retirés des espaces publics".

Le 1er juillet 2011, le PSOE et le Parti Populaire s'étaient opposés au Congrès à une motion de Izquierda Unida pour que la Loi de mémoire historique soit enfin appliquée et de plus, que les sentences des tribunaux soient annulées (Tercera información, 03/04/2011) à cause de leur illégitimité, et de celle des normes juridiques de l'époque.

Malgré le violent coup de frein, avec ou sans subventions, les associations continuent leur combat. Nos morts n'ont pas la mémoire courte.

 

Jean Ortiz, universitaire.