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24/06/2012

Un Temps ibérique très fou, à Talence

Un temps ibérique, très fou, à Talence.

 

Les 22 et 23 juin 2012, la mairie de Talence, et de nombreux partenaires, notamment l'association mémorielle ¡Ay Carmela!, le Comité des jumelages avec la ville madrilène d'Alcalá de Henares, le Service culturel de la ville, etc, etc. ont voulu faire revivre l'histoire, la mémoire, trop souvent reléguées, des Républicains espagnols, à travers deux jours d'émotions, d'humanisme, de débats, de concerts et de réflexions sur les grands enjeux contemporains... Deux films (Ortiz-Gautier) furent projetés, pour servir de base à des débats chauds et profonds, à l'Auditorium du Forum: Le cri du silence, sur les fosses communes du franquisme, et La traversée solidaire, sur l'odysée du Winnipeg, un bateau-solidarité qui, de Pauillac, prit à son bord, à l'été 1939, plus de 2 000 Républicains espagnols réfugiés en France, vers le Chili de Front Populaire. A Valparaiso. Le maître d'œuvre en fut un poète "d'utilité publique", le chilien Pablo Neruda, qui conçut cette opération comme un poème d'amour au pouvoir subversif, comme une utopie concrète.

Durant chaque projection et chaque débat, M. le maire (Modem) a appuyé cette manifestation de sa présence, nullement par protocole. Pour lui: "la ligne de démarcation passe entre les humanistes et les autres".

Le samedi, comme le vendredi, concerts et débats se déroulèrent dans la salle de l'Auditorium du Forum et en "forum plein air-faux-rond", combles. Faut croire que les "Rouges" font recette; la preuve, la "Roja" l'emporta deux à zéro sur une médiocre équipe de France. Deux concerts clôturèrent ce "Temps ibérique 2012", un grand cru transfrontalier, "con denominación de origen" (d'appellation contrôlée), et incontrôlable. Comme le groupe flamenco Amarga Menta, aux échos de Ketama... Faut-il que le flamenco soit vivant pour qu'il puisse être ainsi fusionné, métissé, secoué, tout en restant fidèle à "las esencias"!.

Le groupe "Comunero" enthousiasma toutes les générations. "Comunero", c'est le nom donné au grand-père de Thomas Gimenez, par ses camarades de la colonne anarchiste. Ce surnom, Thomas l'assume, le prolonge et le revendique avec fierté. Il a créé un groupe qui (ré)interprète, dans les sonorités, les tempos, les rythmes actuels, le répertoire républicain espagnol. Ces chansons de lutte sont le plus souvent calquées sur d'anciennes mélodies populaires, du XIXe et du début du XXe siècle.

"Comunero" "rockise" ce répertoire emblématique, symbolique, voire mythique, sans le trahir, ni le frelater; il reste fidèle aux fondamentaux, au contenu historique, et les projette dans l'univers et les luttes d'aujourd'hui. Le résultat, tonique, qui féconde et fertilise, fédère, est d'une qualité qui mûrit à chaque concert. Celui de Talence était illustré par le dessinateur bordelais Bruno Loth. "¡Chapó!". Les musiciens qui accompagnent Thomas, sont des anciens de "Noir Désir", "L'Air de rien", "Les Hurlements d' Léo", "La Varda", etc. Chacun apporte sa couleur, son cachet, à la clarinette, au violon, à la contrebasse, au "cajón", à l'accordéon... Ces artistes ne sont pas là au seul service du chanteur, mais fusionnent dans une création pêchue, étonnante d'actualité, et en devenir.

Corps frêle et pantalon vert, le troubadour Nilda Fernández, au final, alluma les étoiles. J'avais été naguère intrigué par "Madrid, Madrid", puis j'avais perdu toute trace... J'ai pris une claque. Un concert met à nu, "met à morphose" un chanteur, accompagné de sa seule guitare, de sa solitude, de ses blessures, de ses rêves brisés mais ô combien vivants, les siens, les nôtres... Le public, nombreux et réceptif, captif, entra dans l'univers étrange, onirique, de ce poète chanteur, d'une surprenante présence sur scène. Nilda a une voix de cristal, androgyne, envoûtante, mi-plainte, mi-colère, chamanique, fragile, mais incassable, inclassable. Les messages sont à débusquer sous les images faussement anodines de ses textes. De l'Espagnol, il n'a aucun des clichés. Il se revendique gitan, lorquien, indien, argentin, catalan, galicien, russe, de partout, de par tous, de par lui et nous, et les autres... Les autres. Les racines nildiennes sont aériennes. Les chansons de Nilda tournent et retournent sur elles-mêmes, pour reprendre sans cesse leur envol. J'ai, nous, avons volé avec lui. "Muy alto".

A Talence, le "Temps ibérique 2012" fut fou, fou, fou, et "uto piques", "uto lances". A Talence."Garde tes songes, les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous" (Baudelaire). Il reste heureusement encore des "locos", des sages fous, qui "boulèguent" un monde à changer, des aurores à accomplir."¡Ay Carmela !"

 

Jean Ortiz

Solidarité avec les démocrates et le président du Paraguay

"La valise diplomatique" (Le "Diplo")

Paraguay, nouvelles manœuvres pour renverser le président

par Gustavo Zarachovendredi 22 juin 2012
Le 15 juin dernier, au Paraguay, un affrontement entre forces de police et paysans sans terre s’est soldé par la mort de dix-sept personnes (onze paysans et six policiers). L’enchaînement des évènements n’a pas encore été élucidé et de nombreuses zones d’ombre demeurent.
Cette tragédie a néanmoins provoqué une crise politique majeure dans ce pays où, en 2008, l’ancien évêque Fernando Lugo parvenait au pouvoir à la tête d’une large coalition. Celle-ci alliait la gauche au Parti libéral radical authentique (PLRA), une formation conservatrice qui constitue la deuxième force politique du pays. En parvenant au pouvoir, M. Lugo mettait fin à soixante ans de gouvernement du Parti colorado, qui fut l’un des piliers de la dictature militaire du général Alfredo Stroessner (1954-1989) et qui continue à incarner les intérêts de l’oligarchie terrienne du pays — des intérêts qu’on ne bouscule pas plus facilement au Paraguay qu’ailleurs.
A la suite du massacre du 15 juin, le ministre de l’intérieur Carlos Filizzola et le commandant de la police nationale Paulino Rojas ont été destitués par le président Lugo. Le PLRA a quitté le gouvernement et tous ses ministres ont démissionné. Le soutien du parti (auquel appartient le vice-président du pays, M. Federico Franco) à M. Lugo n’aura donc pas duré longtemps. Le PLRA avait d’ailleurs déjà pris ses distances, sans pour autant quitter le gouvernement, soutenant les initiatives de l’opposition, notamment pour empêcher des lois relatives à la justice fiscale ou à la reforme agraire. Malgré sa victoire de 2008, M. Lugo n’avait pas de majorité au Parlement : le voici dans une situation encore plus délicate.
Dès le 16 juin, l’opposition a immédiatement demandé le déclenchement d’une procédure de destitution (prévue par la Constitution). Elle reproche à l’ancien évêque d’avoir attisé la violence paysanne contre les grands propriétaires terriens. Le Parlement a traité la demande de jugement politique en un temps record : M. Lugo devra s’expliquer devant le Congrès le 22 juin. Les défenseurs du président parlent d’une machination qui permettrait de mener à bien un coup d’Etat sous couvert de légalité. Pour eux, les chefs d’accusation, les preuves et le temps imparti pour préparer la défense du président élu passent les bornes du ridicule.
Après quatre ans de gouvernement Lugo et à moins d’un an des prochaines élections présidentielles (prévues en avril 2013), le contexte politique paraguayen se tend depuis plusieurs mois. Un mouvement citoyen de protestation contre la corruption des parlementaires et des magistrats de la Cour suprême de justice a gagné de l’ampleur et s’est étendu à plusieurs villes du pays. En dépit de son caractère « non partisan », ce mouvement — qui s’inscrit dans la lignée du mouvement des indignés — dessert les intérêts du Parti colorado. Celui-ci cherche à reprendre le pouvoir en 2013, mais son principal candidat, M. Horacio Cartes, est un entrepreneur soupçonné d’être en lien avec des trafiquants et des mafias.
Malgré le changement qui s’est opéré au sein du pouvoir exécutif en 2008, avec l’arrivée de M. Lugo à la présidence, le pouvoir judiciaire et législatif sont toujours restés entre les mains des groupes qui représentent l’oligarchie paraguayenne.
Avec la destitution de M. Lugo, ils reprendraient totalement le pouvoir.

coup d'Etat déguisé au Paraguay

COMMUNIQUE DE PRESSE

Paraguay : le PCF condamne le coup d'État déguisé contre le Président
Fernando Lugo

Le PCF condamne le coup d'État déguisé au Paraguay, dirigé contre Fernando Lugo, Président de la République « l'évêque des pauvres » et élu contre une droite revancharde et réactionnaire qui s'est enrichie pendant la période de la dictature. Cette oligarchie de la bourgeoisie, qui ne s'est jamais inquiétée des violations des droits de l'homme et qui a tout fait pour empêcher la mise en place des réformes voulues par Fernando Lugo, en particulier la réforme agraire, s'empare d'un événement dramatique pour tenter de légitimer son coup de force. La droite paraguayenne s'est en effet saisi de l'affrontement qui a fait 17 morts, 11 paysans et 6 policiers à Curuguaty, dans le Nordeste du pays pour demander la destitution du Président Fernando Lugo. La majorité de droite a laissé 24 heures au président pour préparer sa défense et il ne disposera que de deux heures pour s'exprimer devant le Sénat ce vendredi 22 juin 2012. Le PCF affirme sa solidarité avec les partis de la gauche paraguayenne et avec le peuple du Paraguay. Parti communiste français, Paris, le 22 juin 2012.